C’était le temps ou la radio n’était pas destinée aux seuls adolescents, où le concept de service public désignait la recherche de qualité, où une voix bienveillante racontait les premières années de vie sous l’angle de la psychanalyse. Et ce fut une révélation. Françoise Dolto, connue alors des seuls spécialistes, accéda à la notoriété en deux ans seulement, d’Octobre 1976 à octobre 1978, au micro de France inter. Pour la psychanalyse d’enfant, après cette émission, plus rien ne fut comme avant, comme en témoigne ce coffret d’enregistrement. De l’arrivée d’un premier enfant jusqu’au divorce, de la maternité jusqu’à l’entrée à l’école, les CD sont organisés autour d’un plan thématique. Les messages de Françoise Dolto, inlassablement répétés autour de l’équation : « l’éducation doit apprendre aux enfants à développer leur autonomie », relèvent désormais du sens commun. Cette parole par ailleurs ne prétend jamais tout savoir. Loin de tout dogmatisme, elle ne vise qu’i=un seul objectif : renvoyer les parents à leur responsabilité, les inciter à se « re-parentaliser », selon le mot de Catherine Dolto dans sa préface à ce coffret. Bref, ces enregistrements, s’il ne faut pas en attendre une relecture de l’œuvre de Françoise Dolto, nous permettent d’entendre une pensée en action qui prend le risque de la rencontre avec un large public sans pour autant renoncer à sa propre éthique. Ils nous donnent aussi la mesure du chemin parcouru, et des éventuelles régressions. Exemple, à l’époque, le séjour en maternité était en moyenne de douze jours. Mais les mères n’avaient pas accès à leur enfant. Et ne disposaient même pas du droit de le langer. Comment Françoise Dolto aurait-elle jugé les séjours de trois jours ? Peut-on dire qu’elle nous manque ?
DÉCISIONS SANTÉ
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