Certes, il y eut « Comedy » avec Jean-Marc Padovani mais « Le chant du serpent » est le premier véritable disque signé Michel Godard : un des meilleurs tubistes actuels, tant il sait exploiter le tuba, rythmiquement et mélodiquement, devenu ainsi un instrument soliste à part entière. Le serpent, c’est d’abord, comme on peut en lire la définition dans le Petit Larousse, un « ancien instrument de musique à vent, en bois recouvert de cuir, percé de 9 trous qui en règlent l’intonation ». Ajoutons que créée à la fin du seizième siècle, il joignit sa voix à celles qui entonnent le plain-chant dans les églises, avant de tomber dans l’oubli, à la fin du 19e et d’être supplanté par l’ophicléide et le tuba. Le serpent, c’est ensuite, plus familièrement, la vipère ou le python, charmants reptiles inquiétants mais aussi fascinants auxquels le chant en question rend implicitement hommage. Chant qui séduit,, se love en nous, proies autour desquelles s’enroulent des voix qui, ensorcelantes, nous pénètrent à notre insu, par courbes concentriques de plus en plus rapprochées. Tuba, serpent et voix ne font qu’un avec le reptile sifflant et rampant dont ils empruntent les intonations, les formes, la matière. Contre-chant au « serpent » mélodieux et sinueux, les voix, multipliées à l’infini, se croisent, s’unissent, se répondent sur fonds de tuba, lequel marque langoureusement le tempo. Ainsi, chacun des intervenants, timbres variés, concourent à l’harmonie et à l’équilibre de la toile aux teintes douces et contrastées. Psssit !
Xavier MATTHYSSENS – JAZZ MAGAZINE
Xavier MATTHYSSENS – JAZZ MAGAZINE
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