Tout le monde connaît le fameux trio sans batterie qui émergea au début des années 40, à l’époque où les grands orchestres tenaient le haut du pavé. Encore très influencé par Earl Hines, Nat King Cole y étalait une technique aussi époustouflante que celle de ses acolytes. Rapidement, cette influence s’estompa pour laisser place à des audaces harmoniques qui ne manquèrent pas d’intéresser les futurs boppers et toute une génération de pianistes tels Erroll Garner, Oscar Peterson, Ahmad Jamal. Hormis ses qualités pianistiques indéniables, Nat King Cole fut aussi un chanteur original capable d’interpréter les ballades de façon très personnelle. Ce sont tous les aspects de la personnalité musicale de l’artiste qui sont passés en revue dans le coffret « The Quintessence » très précisément analysés, remis en situation, expliqués par une passion que n’arrive pas à masquer Alain Gerber, responsable de la sélection et du livret d’accompagnement. Dix-huit faces présentent Cole chanteur au sein de son trio, choix difficile…ou facile car il aurait pu sélectionner d’autres pièces sans prendre grand risque de décevoir l’auditeur. Par ailleurs, la partie instrumentale est illustrée par des sélections au swing vigoureux et vivifiant, jouées en petites formations. Nous entendons des extraits de concerts Norman Granz absolument formidables, une compilation Capitol dans laquelle nous retrouvons le trio et des gens comme Bill Coleman, Buster Bailey, Benny Carter, Coleman Hawkins, Oscar Moore, John Kirby, Max Roach dans Riffamarole, le quartette du ténor Herbie Haymer avec Charlie Shavers et Buddy Rich et trois faces avec le trio Lester Young/Buddy Rich. Il n’y a rien à jeter ! La musique sélectionnée sur la parution concurrente du mois (vingt deux titres en tout) est en tout point aussi savoureuse. Les sept titres du « Best Of Jazz » qui ne doublonne avec les deux doubles Frémeaux (volumes 1 et 2) ne concernent pas les périodes retenues par Gerber pour le moment. Elles seront peut être dans un volume 3 ? Étant donné l’importance d’une telle œuvre, nous accorderons notre préférence à l’important travail réalisé par Alain Gerber, mais le « Best of Jazz » constitue pour les néophytes une première et efficace approche à moindre prix.
Jean-Pierre DAUBRESSE – JAZZMAN
Jean-Pierre DAUBRESSE – JAZZMAN