Né à Canton, Mississipi, le 18 Octobre 1906. Johnnie Temple bénéficie involontairement de la disparition de son père. Sa mère se remarie avec Lucien Slim Duckett, un pasteur qui soutient ses sermons à l’aide d’une guitare. Il apprend la guitare et la Bible au jeune Johnnie. Duckett a des contacts avec les musiciens de Jacksonville où Johnnie et sa mère se sont installés. Ce qui permet au guitariste en herbe d’apprécier le légendaire Charlie Patton, chanteur guitariste au jeu inventif. Johnnie se lie avec Tommy Johnson (chant, guitare, auteur de « Canned Heat blues », « Big Road Blues ») et les frères Charlie et Joe McCoy, musiciens professionnels, qui l’influencent. Au début des années 30, il partage une chambre avec Skip James (chant, guitare, piano) venu tenter sa chance à Jacksonville. Le style de Johnnie résulte de ces rencontres et, après avoir épousé Memphis Minnie, il suit les frères McCoy à Chicago. La scène de la capitale de l’Illinois est très fermée et Johnny Temple joue sur les marchés en duo avec Willie B. James (guitare). Il s’accroche et le 14 mai 1935 grave « Lead Pencil blues », « Jacksonvile Blues », « Big Boat Whistle » et « The Evil Devil Blues » (démarquage du « Devil Got My Woman » de Skip James), soutenu par Charlie McCoy. Pourtant, ces premiers enregistrements de Johnnie Temple, qui inspirent mêm Robert Johnson, se vendent mal. Johnnie décide d’atténuer l’aspect rural de sa musique et de donner un style jazz à ses rythmiques. Il prend des leçons pour se familiariser avec cette technique. Il est embauché pour jouer de la mandoline dans l’orchestre des frères McCoy qui animent les fêtes siciliennes organisées par la mafia de Chicago. Le répertoire revisite les airs à la mode, des thèmes traditionnels napolitains et siciliens et du blues. L’arrivée de Decca dans le monde du blues a un effet bénéfique pour Johnnie Temple puisqu’il est contacté par ce label pour qu’il grave « New Vicksburg Blues » (Little Brother Montgomery) et « Louise Louise Blues ». Repris par les chefs d’orchestre Bob Crosby et Derwood Brown, « Louise Louise Blues devient un hit ». Du coup, Decca finance une autre séance, le 14 Mai 1937. Johnnie, avec Charlie McCoy et un contrebassiste, réalise « Snapping Cat », « New Louise Louise Blues », « Peeping Through The Keyhole », « Pimple Blues » et « East Saint Louis Blues ». Les frères McCoys sont alors à la tête des Harlems Hamfats, très populaires dans les quartiers noirs. Tout ce beau monde se retrouve en studio pour deux séances placées sous le signe de l’amitié et la majorité des titres enregistrés, « Hoodoo Women », « Mama’s black Luck Child », « Mean Baby Blues », « Every Dog Must Have His Day » et « County Jail Blues », deviennent des succès. Pourtant, Johnnie ne va plus enregistrer avec les Harlems Hamfats car ils signent sur Vocalion. Son blues du Mississipi a coloration jazz est très apprécié et se vend bien jusqu’au début des années 40. Après un long passage à vide sur fond de conflit mondial, il réapparaît en 1946 et 1947 et grave ses deux derniers titres en 1949. Johnnie Temple monte son propre orchestre où s’illustrent Billy Boy Arnold, Elmore James, Homesick James et Big Walter Horton, entre autres. Il quitte Chicago à la fin des années 50, retourne à Jackson et devient pasteur.
Bernard MASANÈS - JUKEBOX
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