Le magnifique travail réalisé par Frémeaux & Associés à partir de grands textes classiques n’est pas en concurrence avec le livre et ne doit jamais être entendu comme tel. L’écoute d’une œuvre adaptée de cette façon engendre un plaisir qui, pour n’avoir rien de commun avec celui de la lecture, peut certainement y conduire, et à tout le moins, permettre la rencontre d’une œuvre par celui qui hésiterait devant le poids des volumes d’Alexandre Dumas, ou d’autres copieux romans. Il y a plus encore : pour celui qui a traversé avec gourmandise les pages de ces grands romans, le plaisir de l’écoute permet de renouer avec des images familières, de revivre le livre autrement. On a pu voir des adaptations cinématographiques ou télévisuelles du « Comte », ou des « Misérables », mais entendre des comédiens raconter et « parler » les personnages est d’un autre ordre. Il s’agit bien, comme le disent les éditeurs, d’un « véhicule pédagogique à part entière ». Le découpage du « Comte de Monte Cristo » répond aux nécessités de la mise en scène sonore. Même réduits à la courte introduction narrative qu’en fait F. Perrin, et aux quelques phrases échangées, la scène de la mort du domestique de Noirtier, par exemple, est frappante et suffit à l’auditeur pour comprendre le sens de l’accélération finale. On se prend ici à imaginer la joie de l’éditeur de Dumas, qui le payait au mot, et qui aurait ainsi pu faire tant d’économies. Mais, il ne s’agit pas là de faire des économies de mots : les atmosphères sonores sont d’un autre ordre. Il serait d’ailleurs intéressant de travailler avec les enfants « les creux » de la narration sonore et de leur donner des mots, puis de comparer avec le texte de Dumas. Mais au-delà du travail pédagogique, il y a le simple et grand plaisir de l’histoire mille fois connue et toujours surprenante.
JOURNAL DES INSTITUTEURS
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