"Jamaica Mento est une excellente compilation qui regroupe des titres fondateurs du style musical qui a dominé la culture jamaïcaine des années 50. Souvent confondu avec le Calypso originaire de Trinidad, le mento jamaïcain est le précurseur de ce qui sera le ska et un peu plus tard, le reggae. Cette compilation, composée de deux CDs de 18 titres, est sortie chez Frémeaux & Associés, au sein d’une collection consacrée aux origines de différents genres comme la Bossa Nova, le Mambo ou la Biguine. La direction artistique de ce double opus incombe à Bruno « Doc Reggae » Blum, journaliste musical spécialiste du reggae qui a aussi rédigé le très intéressant livret de quarante pages fourni avec les cds. Il permettra à tous ceux qui ne connaissent pas ce style musical de le découvriri un peu plus et d'y apprendre notamment que le mento fut popularisé par l’américain Harry Belafonte, qui vendit 1 millions d’unités de son album intitulé Calypso (ce qui contribuera fortement à entretenir la confusion entre ces deux styles musicaux). Cette compilation regroupe des titres représentatifs des trois grands types de mento que sont le mento rural, l’urbain et le spiritual.
Le mento rural s’inspire, pour les paroles, des chants de travail jamaïcain eux-mêmes inspirés des chants d’esclaves, car s’il était interdit de parler en travaillant, il n’était pas interdit de chanter. « Day Dah Light » de Louise Bennett, en est le parfait exemple, célébrant le début du jour, synonyme de fin du travail pour les dockers. Plus proche du reggae, « Take Her To Jamaica » de Lord Messam & His Calypsonian, fait l’apologie du rhum comme moyen d’attirer les femmes. Ce titre à d’ailleurs été repris en 1983 par Yellowman sous le titre « Take Me To Jamaica ». La rythmique rapide et les accords de banjo donnent des morceaux entrainant, propices à la danse et à la fête.
Le mento urbain quant à lui, même si il est contemporain du rural, se distingue par l’utilisation d’instruments électriques (guitare, basse) et par ses influences provenant du jazz américain. The Wrigglers ou Count Lasher sont des représentants de cette mouvance notamment avec leurs ttres respectifs « Mary Ann » et « Calypso Cha Cha ». Invitant à la danse dans le plus pur style des 50’s, les paroles sont parfois si crues que les autorités jamaïcaines tentèrent bien d’interdire certains textes à connotations sexuelles. Mais c’est ce que le public avait envie d’entendre, c’est pourquoi la plupart des textes du mento parlent de sexe avec les plus belles des métaphores comme sur « Don’t Touch Me Tomato » des Wrigglers ou « Night Food Recipe » du Chin’s Calypso Sextet. Curieusement le mento spiritual et Laurel Aitken sont bien éloignés des précédentes considérations en empruntant à la bible l’histoire du roi Nabuchodonosor II pour le titre «Nebuchadnezzar ».
Jamaica Mento est donc une précieuse compilation pour qui voudrait découvrir le mento, d’autant que les supports originaux sont aujourd’hui plus que difficiles à trouver. Indispensable."
par Clément CHAUVEAU - REGGAE.FR
Le mento rural s’inspire, pour les paroles, des chants de travail jamaïcain eux-mêmes inspirés des chants d’esclaves, car s’il était interdit de parler en travaillant, il n’était pas interdit de chanter. « Day Dah Light » de Louise Bennett, en est le parfait exemple, célébrant le début du jour, synonyme de fin du travail pour les dockers. Plus proche du reggae, « Take Her To Jamaica » de Lord Messam & His Calypsonian, fait l’apologie du rhum comme moyen d’attirer les femmes. Ce titre à d’ailleurs été repris en 1983 par Yellowman sous le titre « Take Me To Jamaica ». La rythmique rapide et les accords de banjo donnent des morceaux entrainant, propices à la danse et à la fête.
Le mento urbain quant à lui, même si il est contemporain du rural, se distingue par l’utilisation d’instruments électriques (guitare, basse) et par ses influences provenant du jazz américain. The Wrigglers ou Count Lasher sont des représentants de cette mouvance notamment avec leurs ttres respectifs « Mary Ann » et « Calypso Cha Cha ». Invitant à la danse dans le plus pur style des 50’s, les paroles sont parfois si crues que les autorités jamaïcaines tentèrent bien d’interdire certains textes à connotations sexuelles. Mais c’est ce que le public avait envie d’entendre, c’est pourquoi la plupart des textes du mento parlent de sexe avec les plus belles des métaphores comme sur « Don’t Touch Me Tomato » des Wrigglers ou « Night Food Recipe » du Chin’s Calypso Sextet. Curieusement le mento spiritual et Laurel Aitken sont bien éloignés des précédentes considérations en empruntant à la bible l’histoire du roi Nabuchodonosor II pour le titre «Nebuchadnezzar ».
Jamaica Mento est donc une précieuse compilation pour qui voudrait découvrir le mento, d’autant que les supports originaux sont aujourd’hui plus que difficiles à trouver. Indispensable."
par Clément CHAUVEAU - REGGAE.FR