"Sont-ce des big bands de jazz ou de music-hall, ces grands orchestres qui ont maintenu, après guerre, en France, ce goût pour le swing qui avait fait florès avant l’invasion ? Difficile à dire, car la frontière est ténue, et c’est précisément sur ce fil qu’ont marché les compilateurs de chez Frémeaux pour réaliser, à partir de disques de surprise-parties, comme on disait à l’époque, ce double CD. Concurrencés par le nouveau jazz qui venait des Amériques, le bebop, ces orchestres ne jouaient pas que de la musique commerciale, mais aussi des musiques à danser de qualité, et parfois, du jazz.
Regardons le premier CD. Les noms de ces orchestres restent parfois familiers, notamment aux plus anciens (Ray Ventura, ne serait-ce que pour la scie d’avant-guerre, « Tout va très bien, Madame la marquise », André Ekyan ou Hubert Rostaing, pour avoir joué avec Django Reinhardt). Ou encore Noel Chiboust ou Aimé Barelli. Mais les Christian Bellest, Michel Ramos, Pierre-Séverin Luino, Jean Faustin, Camille Sauvage, Tony Proteau, Georgie Kay, Maurice Moufflard ou Fernand Clare ? Ils restent très sous-estimés. Pourtant, l’orchestre Barelli a ouvert et clos la Semaine du jazz de 1948, s’est invité sur scène, avec sa section de trompettes, au concert de Dizzy Gillespie de 1952, André Ekyan a enregistré avec Coleman Hawkins, Maurice Moufflard a accompagné Charlie Parker, Tony Proteau, lui, Sidney Béchet ou Django Reinhardt. Le choix de ce CD est d’avoir trouvé des pistes qui étaient, certes, des morceaux à danser, mais également, des airs à la frontière du jazz, voire du jazz. Les musiciens qu’on y entend sont d’ailleurs d’authentiques jazzmen, même si, parfois, ils en sont partis et leur nom est encore familier à quelques oreilles averties (Emmanuel Soudieux (b), Jean Magnien (as, cl, fl), Christian Garros (dm), Guy Paquinet (tb), Gérard Lévècque (cl), Henri Salvador (g) qui fera la carrière que l’on sait, Léo Chauliac (p), Pierre Fouad (dm), Pierre Gossez (ts), Wiliam Boucaya (bs), Jean Bouchety (b), Léo Petit (g). On peut inviter ceux qui s’y connaissent moins en jazz à essayer de les repérer sur le CD.
Le second CD est tout aussi attrayant : En plus de certains orchestres du CD1, d’autres noms d’orchestres apparaissent : certains qui restent en mémoire, Jacques Hélian, Philippe Brun, Alix Combelle, d’autres un peu négligés, car ils ont fait davantage de variétés, comme Jerry Mengo, d’autres parce qu’ils se sont signalés différemment, comme Eddie Barclay. D’autres enfin, oubliés, Sébastien Solari (étonnant « Jungle Tom ») ou René Leroux et son big band du Lido. On y croise des musiciens archiconnus comme ce cher Henri Crolla (g) ou l’ami Stéphane Grappelli, des musiciens dont vous avez sans doute entendu parler par vos parents comme Fernand Verstraete (dont certains se souviennent sous le nom de Trumpet Boy, le trompettiste masqué), Gabriel Villain (tb), Gérard Pochonet (dm), Michel Hausser (vib) ou encore Benny Vasseur (tb). Sans oublier les grands Américains, Ernie Royal (tp), Lucky Thompson (ts), Art Simmons (p) et Kenny Clarke (dm). Et pardon à ceux que j’ai oubliés. Le second CD finit en musique de danse d’extrême qualité, pour boîte de luxe, vous savez, le genre « Les Paumés du petit matin » de Jacques Brel. On notera que le « En écoutant mon cœur chanter » de Jerry Mengo n’est autre que le « Ma mie » de Jean Sablon. A signaler un sac de nœuds sur le livret et le coffret : « Nuages » se trouve par exemple en réalité en piste 15 au lieu de 17, et certains minutages sont décalés.
Ensuite, arrivera le rock and roll et ces orchestres se dissoudront. Mais ceci est une autre histoire, comme disait Rudyard Kipling."
par Michel BEDIN - ON-MAG
Regardons le premier CD. Les noms de ces orchestres restent parfois familiers, notamment aux plus anciens (Ray Ventura, ne serait-ce que pour la scie d’avant-guerre, « Tout va très bien, Madame la marquise », André Ekyan ou Hubert Rostaing, pour avoir joué avec Django Reinhardt). Ou encore Noel Chiboust ou Aimé Barelli. Mais les Christian Bellest, Michel Ramos, Pierre-Séverin Luino, Jean Faustin, Camille Sauvage, Tony Proteau, Georgie Kay, Maurice Moufflard ou Fernand Clare ? Ils restent très sous-estimés. Pourtant, l’orchestre Barelli a ouvert et clos la Semaine du jazz de 1948, s’est invité sur scène, avec sa section de trompettes, au concert de Dizzy Gillespie de 1952, André Ekyan a enregistré avec Coleman Hawkins, Maurice Moufflard a accompagné Charlie Parker, Tony Proteau, lui, Sidney Béchet ou Django Reinhardt. Le choix de ce CD est d’avoir trouvé des pistes qui étaient, certes, des morceaux à danser, mais également, des airs à la frontière du jazz, voire du jazz. Les musiciens qu’on y entend sont d’ailleurs d’authentiques jazzmen, même si, parfois, ils en sont partis et leur nom est encore familier à quelques oreilles averties (Emmanuel Soudieux (b), Jean Magnien (as, cl, fl), Christian Garros (dm), Guy Paquinet (tb), Gérard Lévècque (cl), Henri Salvador (g) qui fera la carrière que l’on sait, Léo Chauliac (p), Pierre Fouad (dm), Pierre Gossez (ts), Wiliam Boucaya (bs), Jean Bouchety (b), Léo Petit (g). On peut inviter ceux qui s’y connaissent moins en jazz à essayer de les repérer sur le CD.
Le second CD est tout aussi attrayant : En plus de certains orchestres du CD1, d’autres noms d’orchestres apparaissent : certains qui restent en mémoire, Jacques Hélian, Philippe Brun, Alix Combelle, d’autres un peu négligés, car ils ont fait davantage de variétés, comme Jerry Mengo, d’autres parce qu’ils se sont signalés différemment, comme Eddie Barclay. D’autres enfin, oubliés, Sébastien Solari (étonnant « Jungle Tom ») ou René Leroux et son big band du Lido. On y croise des musiciens archiconnus comme ce cher Henri Crolla (g) ou l’ami Stéphane Grappelli, des musiciens dont vous avez sans doute entendu parler par vos parents comme Fernand Verstraete (dont certains se souviennent sous le nom de Trumpet Boy, le trompettiste masqué), Gabriel Villain (tb), Gérard Pochonet (dm), Michel Hausser (vib) ou encore Benny Vasseur (tb). Sans oublier les grands Américains, Ernie Royal (tp), Lucky Thompson (ts), Art Simmons (p) et Kenny Clarke (dm). Et pardon à ceux que j’ai oubliés. Le second CD finit en musique de danse d’extrême qualité, pour boîte de luxe, vous savez, le genre « Les Paumés du petit matin » de Jacques Brel. On notera que le « En écoutant mon cœur chanter » de Jerry Mengo n’est autre que le « Ma mie » de Jean Sablon. A signaler un sac de nœuds sur le livret et le coffret : « Nuages » se trouve par exemple en réalité en piste 15 au lieu de 17, et certains minutages sont décalés.
Ensuite, arrivera le rock and roll et ces orchestres se dissoudront. Mais ceci est une autre histoire, comme disait Rudyard Kipling."
par Michel BEDIN - ON-MAG