"Juchée à 3650 mètres d'altitude, Lhassa figure en bonne place au palmarès des villes les plus hautes du monde. D'abord capitale du Royaume du Tibet depuis le XVIIe siècle, elle est aujourd'hui le chef-lieu de la Région autonome du Tibet, après avoir subi l'invasion de l' « armée populaire de libération » chinoise et la Révolution culturelle.
Si Lhassa est connue dans l'actualité pour avoir été le théâtre de violentes émeutes (en 1989, en 2008), elle est aussi, d'un point de vue spirituel, un haut lieu du bouddhisme, dont le premier essor a été impulsé au VIIe siècle par le second empereur tibétain, Songtsen Gampo, qui, en plus de réaliser l'unité du Tibet, fit de Lhassa sa capitale et y fit bâtir trois temples célèbres : le palais du Potala, le Ramoché et le Jokhang. Du reste, Lhassa signifie la « Terre des Dieux », et le monastère de Jokhang est considéré comme le premier temple bouddhiste au Tibet. Songtsen Gampo l'aurait fait construire sur ordre de l'une de ses épouses, soit une princesse népalaise, soit une princesse chinoise (les légendes divergent), en tout cas toutes deux bouddhistes. L'emplacement aurait été ordonné pour combler une étendue d'eau, un lac, qui serait rien moins que le cœur d'une démone dont l'influence malsaine ne pouvait être combattue qu'en édifiant un temple à cet endroit précis.
Légende ou pas, toujours est-il que le Jokhang, selon certains géologues, est très chargé en champs magnétiques autant qu'en courants telluriques. On dit même que la statue de Jowo (qui représente le jeune Bouddha) serait placé exactement sur un croisement de champs magnétiques. Cela qui explique que le Jokhang soit le lieu le plus vénéré par les Tibétains encore aujourd'hui. Au cour des siècles, ce temple a été étendu et toute son architecture témoigne de la grande qualité de l'art tibétain à travers les siècles, ainsi que de l'influence des arts indien, népalais et chinois, de la dynastie Tang. C'est du reste sous cette dynastie que fut signé un traité de paix sino-tibétain, dont les termes furent inscrits sur une stèle, précisément nommée « tablette de pierre de l'unité du long terme », érigée devant la porte principale du temple du Jokhang. Il y était clairement stipulé que nulle hostilité, nulle guerre et nulle prise de territoire n'aurait lieu entre les deux royaumes. Où l'on mesure que le passé est bel et bien le passé...
Quoi qu'il en soit, le monastère du temple de Jokhang garde une place primordiale dans la vie religieuse de la communauté bouddhiste et c'est aujourd'hui un site majeur protégé pour sa valeur culturelle et historique par le conseil d'État de la République populaire de Chine depuis 1961. Enfin, depuis 2000, il est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO comme faisant partie de l' « ensemble historique du palais du Potala ».
Comme ce dernier, le Jokhang attire de nombreux touristes comme autant de pèlerins venant de très loin pour accomplir leur chemin de prière en se prosternant à plat ventre et en avançant mètre par mètre (les fameuses « kjangchag »). De nombreux offices religieux de toutes les écoles bouddhiques y sont célébrés, et à travers les enregistrements effectués par François JOUFFA en 2010, ce CD nous permet de procéder à une véritable visite virtuelle de certaines de ces cérémonies religieuses. Ainsi la majeure partie du disque restitue-t-elle des prières et chants de louanges adressés à plusieurs divinités illustres du panthéon bouddhiste tibétain (Tara, Mahâkâla, Maitreya, Tsogyelma, Dharmaraja...), ainsi qu'au Dalaï-Lama. C'est pas moins de 108 bonzes qui font entendre leurs singulières psalmodies à l'effet grisant, sans aucun accompagnement instrumental.
Mais l'intérêt supplémentaire de ce CD est de n'avoir pas oublié de laisser des témoignages de la vie profane qui a également cours dans le Jokhang. On découvre ainsi quatre chants de travail entamés à l'occasion de la consolidation des toits du monastère par soixante ouvriers (dont une majorité de femmes) qui, tout en chantant, effectuent une chorégraphie, maillets à la main !
Et comme la pause-thé offre aussi l'occasion de chanter, le CD contient en bonus deux chansons (l'une sentimentale, l'autre dédiée à Dame Nature) interprétées par deux ouvriers.
Tant pour des raisons esthétiques que thématiques, il est rare que chants sacrés et chants profanes tibétains cohabitent sur un même disque, mais puisque le sujet de celui-ci est un lieu plutôt qu'une forme culturelle, il est logique autant que réaliste qu'y soient présentés les deux aspects musicaux qui s'y manifestent."
par Stéphane FOUGERE - ETHNOTEMPOS
Si Lhassa est connue dans l'actualité pour avoir été le théâtre de violentes émeutes (en 1989, en 2008), elle est aussi, d'un point de vue spirituel, un haut lieu du bouddhisme, dont le premier essor a été impulsé au VIIe siècle par le second empereur tibétain, Songtsen Gampo, qui, en plus de réaliser l'unité du Tibet, fit de Lhassa sa capitale et y fit bâtir trois temples célèbres : le palais du Potala, le Ramoché et le Jokhang. Du reste, Lhassa signifie la « Terre des Dieux », et le monastère de Jokhang est considéré comme le premier temple bouddhiste au Tibet. Songtsen Gampo l'aurait fait construire sur ordre de l'une de ses épouses, soit une princesse népalaise, soit une princesse chinoise (les légendes divergent), en tout cas toutes deux bouddhistes. L'emplacement aurait été ordonné pour combler une étendue d'eau, un lac, qui serait rien moins que le cœur d'une démone dont l'influence malsaine ne pouvait être combattue qu'en édifiant un temple à cet endroit précis.
Légende ou pas, toujours est-il que le Jokhang, selon certains géologues, est très chargé en champs magnétiques autant qu'en courants telluriques. On dit même que la statue de Jowo (qui représente le jeune Bouddha) serait placé exactement sur un croisement de champs magnétiques. Cela qui explique que le Jokhang soit le lieu le plus vénéré par les Tibétains encore aujourd'hui. Au cour des siècles, ce temple a été étendu et toute son architecture témoigne de la grande qualité de l'art tibétain à travers les siècles, ainsi que de l'influence des arts indien, népalais et chinois, de la dynastie Tang. C'est du reste sous cette dynastie que fut signé un traité de paix sino-tibétain, dont les termes furent inscrits sur une stèle, précisément nommée « tablette de pierre de l'unité du long terme », érigée devant la porte principale du temple du Jokhang. Il y était clairement stipulé que nulle hostilité, nulle guerre et nulle prise de territoire n'aurait lieu entre les deux royaumes. Où l'on mesure que le passé est bel et bien le passé...
Quoi qu'il en soit, le monastère du temple de Jokhang garde une place primordiale dans la vie religieuse de la communauté bouddhiste et c'est aujourd'hui un site majeur protégé pour sa valeur culturelle et historique par le conseil d'État de la République populaire de Chine depuis 1961. Enfin, depuis 2000, il est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO comme faisant partie de l' « ensemble historique du palais du Potala ».
Comme ce dernier, le Jokhang attire de nombreux touristes comme autant de pèlerins venant de très loin pour accomplir leur chemin de prière en se prosternant à plat ventre et en avançant mètre par mètre (les fameuses « kjangchag »). De nombreux offices religieux de toutes les écoles bouddhiques y sont célébrés, et à travers les enregistrements effectués par François JOUFFA en 2010, ce CD nous permet de procéder à une véritable visite virtuelle de certaines de ces cérémonies religieuses. Ainsi la majeure partie du disque restitue-t-elle des prières et chants de louanges adressés à plusieurs divinités illustres du panthéon bouddhiste tibétain (Tara, Mahâkâla, Maitreya, Tsogyelma, Dharmaraja...), ainsi qu'au Dalaï-Lama. C'est pas moins de 108 bonzes qui font entendre leurs singulières psalmodies à l'effet grisant, sans aucun accompagnement instrumental.
Mais l'intérêt supplémentaire de ce CD est de n'avoir pas oublié de laisser des témoignages de la vie profane qui a également cours dans le Jokhang. On découvre ainsi quatre chants de travail entamés à l'occasion de la consolidation des toits du monastère par soixante ouvriers (dont une majorité de femmes) qui, tout en chantant, effectuent une chorégraphie, maillets à la main !
Et comme la pause-thé offre aussi l'occasion de chanter, le CD contient en bonus deux chansons (l'une sentimentale, l'autre dédiée à Dame Nature) interprétées par deux ouvriers.
Tant pour des raisons esthétiques que thématiques, il est rare que chants sacrés et chants profanes tibétains cohabitent sur un même disque, mais puisque le sujet de celui-ci est un lieu plutôt qu'une forme culturelle, il est logique autant que réaliste qu'y soient présentés les deux aspects musicaux qui s'y manifestent."
par Stéphane FOUGERE - ETHNOTEMPOS