Drôle, clair, limpide, voilà le philosophe rebelle par Le Journal du Médecin

"Joli portrait d’un philosophe nouveau (et pas un nouveau philosophe) qui en vingt ans s’est fait un nom par son discours contestataire, et forcément contesté…
Volontiers polémique et provocateur dans les idées qu’il développe, Michel Onfray s’est laissé tiré le portrait par Élisabeth Kapnist qui nous le montre chez lui, à Argentan, petit village de Normandie où il est né et où il vit toujours. Fils d’un ouvrier agricole et d’une femme de ménage qui décède (un suicide ? Il l’évoque en une phrase) lorsqu’il a dix ans, le jeune orphelin qu’il est alors connaît le pensionnat d’une institution catholique, un dortoir de cent trente garçons et les livres qui lui permettent d’échapper à ce lieu de brimades et de crasse. Lui qui veut devenir chauffeur de train à dix-sept ans, est refoulé par la SNCF et voici le jeune Michel entrant à l’université de Caen, où il enseigne aujourd’hui…
Drôle, clair, limpide, voilà le philosophe rebelle qui appelle à la résistance et dont le vieux coiffeur anarchiste du village a marqué le front (et les cheveux) de manière indélébile. Il a « l’orgueil noble », selon son éditeur Jean-Paul Enthoven, « un grand cœur et peut faire preuve de raideur et d’intransigeance ». Cet homme que le père de Raphaël Enthoven, philosophe également, définit comme bon et désireux que les autres soient heureux, vit pleinement sa vie d’épicurien travaillé par l’urgence. Car, chantre de l’immanence, il sait la vie courte, lui qui, victime d’une crise cardiaque à 28 ans, fut ensuite saisi par le virus de l’écriture, qui ne l’a pas quitté depuis. Un philosophe engagé qui, suite à l’irruption de l’extrême-droite au second tour de la présidentielle de 2002, démissionne de l’Éducation nationale pour fonder l’Université populaire de Caen où tous les lundis, de septembre à juin, il donne depuis un cours – bénévole (une heure de cours lui demande trente heures de travail, explique-t-il dans le film) – de contre-histoire de la philosophie qui après avoir dézingué Freud il y a de cela deux ans, ridiculisera Lacan lors de son dernier cours de juin 2010… Émaillé d’apartés théoriques, le portrait favorable mais pas hagiographique qu’en fait Élisabeth Kapnist lève un peu le voile sur les motivations de cet infatigable pédagogue, intellectuel fier de ses racines pauvres et qui au niveau intellectuel préfère Nietzsche aux niches…"
Par Dr. J - LE JOURNAL DU MÉDECIN