« Cet album de deux CDs regroupe ceux qu’on a baptisés au Brésil : La Sainte Trinité et qui sont les créateurs de la bossa nova. La Bossa nova, qu’es aco, vont demander les moins de vingt ans qui ne peuvent pas connaître ? Un mouvement qui, parti de Rio, va propulser la musique brésilienne autour du monde entier via le jazz. Déjà le label Frémeaux a publié des albums qui étudiaient la genèse de ce mouvement (FA 5216). Avec celui-ci, nous sommes au moment de la naissance de la bossa. Avant, on avait le samba-cançao et le boléro, chansons d’amours malheureuses avec femmes trahies, chagrins inconsolables, pathos et rythmes de danse très marqués. Après, on a cette simplification des rythmes mais aussi cette écriture plus complexe du point de vue harmonique de mélodies intimistes et d’accords alternés souvent décalés (7/8, 5/4, etc). Et des paroles sur le bonheur tranquille, léger, parfois malicieux, de vivre (amour, sourire et fleur) chantées sans rouler les « r » et sans forcer la voix. Cela collait assez bien à la mentalité de la côte ouest des Etats-Unis qui allait dans le même sens. Un peu la même démarche que Verlaine en France avec son Art poétique après les excès du romantisme (un frisson d’eau sur de la mousse). Cette révolution mélodique, rythmique, poétique, harmonique est l’œuvre d’Antonio Carlos Jobim, de Vinicius de Moraes, de Joao Gilberto, mais également de Silvia Telles, de Carlos Lyra, de Luiz Bonfà, de Maysa et l’apport des guitaristes (Laurindo Almeida, Baden Powell) y est essentiel. Ces quarante-huit bossas sélectionnées sur les années 1958 à 1961 sont la crème de l’authenticité, y compris celles qui sont jouées par Bud Shank, à la différence de celles d’après qui seront cubanisées plus tard par les musiciens américains (Stan Getz, Gerry Mulligan). »
Par Michel BEDIN – ON MAG
Par Michel BEDIN – ON MAG