« Le volume 4 de cette intégrale commence en août 1947 avec des enregistrements en studio d’un Charlie Parker qui a troqué son saxophone alto habituel contre un ténor. Il est en compagnie de Miles Davis (tp), de John Lewis (p), de Nelson Boyd (b) et de Max Roach (dm). Du beau monde. Douze prises, Monsieur Parker est aussi perfectionniste que les quatre autres, pour quatre titres seulement, tous de Miles dont « Milestones ». Suivent huit enregistrements d’émissions de radio où les anciens (on ne les a pas sur le CD, mais il y avait entre autres Wild Bill Davis, Baby Dods et Pops Foster) affrontaient les modernes avec « Koko » comme indicatif-présentation des musiciens. Parmi ces modernes, Max Roach (dm), Ray Brown (b), Lennie Tristano (p), Dizzy Gillespie (tp) et Charlie Parker (as). On peut trouver pire sans se forcer. Même si c’est un match pour rire, nul doute qu’ils se piquent au jeu. Enfin, le premier CD se termine avec une nuit (a Nite en américain de la rue) au Carnegie Hall : Charlie, Dizzy et John Lewis ont, cette fois, Al McKibbon (b) et Joe Harris (dm) comme section rythmique. Assaut de virtuosité entre le trompettiste et le sax, notamment sur « Dizzy Atmosphere » et sur « Groovin’ High » (unissons aussi bien que solos). Quant à « Confirmation » et « Koko », ils sont délirants. Le CD 2 nous donne les enregistrements de Bird pour Dial réalisés en octobre et quelques-uns de novembre 1947. Il est en compagnie de Miles Davis (tp), de Duke Jordan (p), de Tommy Potter (b) et de Max Roach (dm). Dix titres, mais vingt prises. Essentiellement du Parker, seuls « Embraceable You » et « My Old Flame » sont des standards, mais quels « Embraceable You » ! Parfaits sur les deux prises, tout comme les trois de « Bird of Paradise », trois bijoux de sensibilité et de musicalité. En novembre, il grave aussi deux admirables titres (deux prises parfaites à chaque fois), « Scrapple From the Apple » et le titre énigmatique ou défonçocrypté « Klact-oveeseds-tene ». C’est du grand, du très grand Parker. Le troisième CD de l’album finit la séance chez Dial de novembre 1947, un « Don’t Blame Me » de derrière les fagots et trois versions plus belles les unes que les autres de « Out of Nowhere ». Puis une émission de radio, toujours sur WOR, les modernes de Charlie Parker ayant gagné, qui va nous permettre de le retrouver avec Lennie Tristano (p), Billy Bauer (g) et John La Porta (cl) qui tous étaient présents dans les émissions précédentes, mais Dizzy est remplacé par Fats Navarro (tp), Ray Brown par Tommy Potter (b) et Max Roach par Buddy Rich (dm). En outre vient aussi jouer le sax ténor Allen Eager. Fats Navarro et Charlie Parker ensemble, c’est du lourd. Le CD se termine avec une ultime séance d’enregistrement chez Dial (six titres, mais seize prises) de bebop pur et dur. Les mêmes musiciens qu’aux séances précédentes (Miles, Parker, Duke Jordan, Potter, Roach), mais augmentés du tromboniste Jay Jay Johnson. Le bebop parkérien, a priori, ce n’est pas pour les trombonistes débutants. J.J.J. s’en sort à merveille et il n’avait que 23 ans. A vous dégoûter d’apprendre le trombone. Charlie Parker, lui, est d’une décontraction incroyable. Il est dans son élément. »
Par Michel BEDIN – ON MAG
Par Michel BEDIN – ON MAG