« Quelle angoisse intime, quelle terreur morale, quelles blessures psychologiques, quel tourment intérieur tenaillaient ce saxophoniste-clarinettiste extrêmement doué qu’était Art Pepper pour l’amener à se faire piéger comme il l’a été par l’héro, avec toutes les conséquences qui s’ensuivirent, années passées en taule, vies sociale et sentimentale ruinées, etc ? Pourtant, cela avait bien débuté, sur la côte ouest. Ce double album de Quintessence nous offre l’Art Pepper des années cinquante et soixante, nous les remémorent. Art Pepper, de son vrai nom Arthur Poivre (même pas d’Arvor comme d’autres) possédait un son bien à lui, avec des nuances de fragilité, de drame intérieur, qui faisaient que, même au milieu d’un air joyeux et guilleret, son saxo alto prenait des airs tragiques. Et le mouvement de jazz qui naissait sur la côte ouest, le westcoast, se voulait décontracté, désinvolte et joyeux, précisément. Art Pepper lui ajoutait la profondeur qui lui aurait manqué. Déjà, chez Stan Kenton, le morceau intitulé « Art Pepper », en 1950, montrait la voie. Ensuite, que ce soit avec Shorty Rogers (tp), Shelly Manne (dm), Russ Freeman (p), Joe Mondragon (b), Maynard Ferguson (tp), Jimmy Giuffre (ts), Bud Shank (as), Leroy Vinnegar (b), Jimmy Rowles (p), Paul Chambers (b), Scott LaFaro (b), bref, toute la crème de la westcoast, Art Pepper, entre deux séjours en taule, a toujours apporté son accent amer et brisé qui faisait sa caractéristique. Ce double album nous le restitue en plein. Ça vous va en plein cœur. »
Par Michel BEDIN – ON MAG
Par Michel BEDIN – ON MAG