« On connaît la boutade, très juste, de Clemenceau : « Il suffit d’ajouter « militaire » à un mot pour lui faire perdre sa signification. Ainsi la justice militaire n’est pas la justice, la musique militaire n’est pas la musique ». Si nous ne devions garder qu’un seul groupe qui illustrerait l’exception à la règle, ce serait celui des Chœurs de l’Armée Rouge. Certes, la musique, c’est avant tout du sentiment, et les impressions que suscitent les chansons des célèbres Chœurs de l’Armée Rouge sont très martiales : le patriotisme, la force, la détermination, le courage, l’amitié virile, la camaraderie, l’optimisme, l’enthousiasme. Mais, créés dans le but de soutenir le moral des révolutionnaires dans une guerre extérieure et intérieure, les Chœurs d’Alexandre (puis de Boris) Alexandrov ont su puiser dans les traditions musicales russes (voix de basses conjugués habilement à celles des ténors, présence de balalaïkas, d’accordéons diatoniques, sifflements) si bien, qu’ils sont un des symboles de la Russie autant qu’un symbole de l’URSS, au même titre que la faucille et le marteau ou le drapeau rouge. Et quelles qu’aient été nos myopies politiques à ce sujet, et malgré le matraquage antisoviétique et antirusse délirant qui sévit actuellement, ce pays est extrêmement attachant. Sur ce second CD des éditions Frémeaux, on trouve dix-huit chansons martiales, dont l’hymne national de l’URSS, la chanson de l’Armée soviétique ou le fameux « En route », mais la qualité, la mise en place, la précision sont telles que seule, la beauté du chant subsiste. Les musiciens et les chanteurs de Chœurs de l’Armée Rouge forment un ensemble considérable (cent-vingt personnes environ), et, s’ils n’étaient pas pris en charge par l’Armée, de tels chœurs ne pourraient exister. Ce CD d’enregistrements historiques est éminemment tonique et requinque le moral. Pour un peu, on rempilerait. »
Par Michel LAROCHE – ON MAG
Par Michel LAROCHE – ON MAG