« Grâce à son talent et un peu aussi à sa participation au film « Imitation of life », Jackson franchit la barrière des couleurs et devient une immense vedette internationale du show business américain dès 1959. Son contrat renouvelé avec Columbia va l’amener à aller encore plus loin dans les concessions : accepter d’être accompagnée par des chœurs pesants et solennels et même, dès 1960, par des grands ensembles symphoniques avec cordes et orchestrations ampoulées sous la direction de poids lourds comme Percy Faith, Johnny Williams, Marty Paich, etc. Mais malgré ces handicaps, la diva du gospel parvient (presque) toujours à tirer son épingle du jeu et à transformer des morceaux qui auraient pu être de la guimauve peu appétissante et indigeste en grands moments musicaux grâce à sa voix unique, son swing naturel et à sa garde rapprochée, la pianiste Mildred Falls et l’organiste Willie Wabb. Quand on se lance dans la réédition d’intégrales en ordre chronologique, on ne peut pas éviter les faces plus faibles ou hors style, c’est inéluctable, c’est ainsi que l’on retrouve ici quelques faces atypiques en tempo lent, dégoulinantes de solennité, avec des chœurs envahissants, comme « One step » et « Because His name is Jesus », ou des violons et cordes enveloppants et ‘swing killers’ (« In the garden », « Just as I am ») mais d’autres bâtis sur le même moule sont sauvés par un tempo plus nerveux (« Keep a-movin ») et puis il y a tout le reste, les morceaux swinguants, souvent en tempo rapide qui se rattachent plus authentiquement au langage du gospel de l’Âge d’Or comme « You must be born again » (uptempo), « The christian’s testimony » (medium), « If we never needed the Lord before » (lent), « Come on children, let’s sing » (uptempo) qui valent le détour. »
par Robert SACRÉ – ABS MAGAZINE
par Robert SACRÉ – ABS MAGAZINE