« Les dates choisies, 1965 et 1975, ne sont pas celles où le guitariste Oscar Aleman était le plus haut dans les sondages, car il était reparti en Argentine dès le début de la Seconde Guerre Mondiale. Mais son talent était toujours là et, même s’il teintait son jazz de son hispanité, notamment lorsqu’il chantait, il ne faisait pas oublier, par son jeu particulier, avec une main droite sans médiator, qu’il était un guitariste magique. Je vais faire froncer les sourcils à mes amis manouches, mais je dois leur rappeler que certains disaient qu’il était meilleur que Django Reinhardt lui-même. Et, en l’écoutant, on n’est pas loin de les approuver. Il n’y a chez lui aucun procédé, il improvise comme il respire, et il possède un swing capable de rivaliser avec celui de Django. Et il scatte, en plus. Oui, c’est vrai, ses compositions sont moins géniales. Mais on envie les heureux veinards qui ont assisté à leurs bœufs en commun (car ils étaient amis) et on ne peut qu’imaginer leur complicité-rivalité aimable. Sur ce CD, on retrouve les enregistrements d’Oscar Aleman, avec les Cincos Caballeros (dm, vln, p, b, cl). Du jazz superbe sur lequel il fait merveille (« Crazy Rhythm », « Besame Mucho », « Fly Me to the Moon », « Honeysuckle Rose »). Ainsi que le dernier enregistrement, des alentours de 1975 (Oscar Aleman est décédé en 1980) où l’on trouve « In the Mood », « Caravan » « Alexander’s Ragtime Band », « Bei mir bist du schön » et un Dorival Caymmi, la bossa nova « Saudade de Bahia ». Comment se fait-il qu’Oscar Aleman, après la guerre, n’ait pas eu une carrière internationale ? Ce sont les mystères de la mode et de ceux qui croient la faire. Fallait choisir, c’était Clo-Clo ou bien un excellent guitariste, comme Oscar Aleman. Ils ont choisi pour vous. »
Par Michel BEDIN - ON MAG
Par Michel BEDIN - ON MAG