« Certains seront déçus en constatant que ce coffret 3 CD’s ne renferme ni inédits, ni prises alternatives, ni passages publics nouveaux de la période. Mais le titre est explicite quant au contenu. Il est illustré par un excellent livret de Bruno Blum, bien argumenté sur la réfutation du fait qu’Elvis aurait tout pompé aux Noirs, sur l’apport décisif de la guitare de Scotty Moore et de la contrebasse slappée de Bill Black, sur la différence entre Rockabilly (l’assertion de son « invention » par Elivs étant contestable, car quid des frères Burnette qui en faisaient déjà avant lui, mais qui ne purent en enregistrer qu’en 1956 ?) et Rock and Roll, très bien documenté sur le Tennessee en 1954/1955, ou sur les débuts de Sam Phillips. En revanche, la période pré-Sun d’Elvis, ses aspirations à devenir chanteur de Gospel ou de Variété, sa tentative d’intégrer le groupe d’Eddie Bond (cf RNRR 58), la rivalité et les relations avec les frères Burnette et la bande des Lauderdale Courts, les acétates Sun, sont occultés, alors qu’ils sont partie intégrante de son parcours musical. Il ne s’agit donc pas d’une intégrale de la période (…) mais d’une sélection de morceaux, précédés (sauf les originaux) par la/les version(s) originale(s), permettant ainsi de juger aisément les transformations apportées. Ceci en remet certaines en mémoire, en fait découvrir ou réentendre d’autres oubliées : Billy Eckstine (« Blue Moon »), Jimmy Wakely (« I’ll Never Let You Go »), Patti Page (« I Don’t care If The Sun Don’t Shine »), les Shelton Brothers et (« Just Because » et « Aura Lee », qui devint, avec de nouvelles paroles, « Love Me Tender »), Hal Singer (« Rock Around The Clock », celui dont une phrase inspira l’intro de « Blue Suede Shoes » à Carl Perkins), Slim & Slam (« Tutti Frutti » et la mélodie fort éloignée du titre de Little Richard »). Du beau travail, comme d’habitude chez Frémeaux (…). »
Par Bernard BOYAT – ROCK’N’ROLL REVUE N°60
Par Bernard BOYAT – ROCK’N’ROLL REVUE N°60