« La permanence des références au vaudou (voodoo) dans toutes les formes musicales afro-américaines témoigne de l’enracinement d’une pratique religieuse directement issue d’Afrique de l’Ouest et qui s’est propagée partout où l’esclavage a sévi, du Brésil au Canada, en trouvant un terreau particulièrement fertile en Haïti et en Louisiane. En réaction au puritanisme chrétien et au racisme, il constitue une échappée fantasmée vers l’Afrique. Savamment documenté par le livret de Bruno Blum, le phénomène est illustré par un fascinant panorama musical qui mêle époques et genres (jazz, blues, r&b, rock’n’roll et calypso). De Jelly Roll Morton John Coltrane, en passant par les évocations convaincues (Joséphine Premice, Lil’ Johnson…), menaçantes (Terry Timmons, Howlin’ Wolf…) ou railleuses (Louis Jordan, The Clovers…) les pratiques du hoodoo sont évoquées à travers les mojo, black cat bone et autre gris-gris. Sans surprise, Muddy Waters et Screamin’ Jay Hawkins sont les mieux représentés, mais aussi Bo Diddley (dont le Who Do You Love doit s’entendre Hoodoo You Love !) et quelques néo-orléanais distingués, comme Oscar « Papa » Célestin et son « envoûtant » Marie Laveau. Domaine public oblige, la compilation ne va pas au-delà de 1961, ce qui exclut malheureusement Dr John dont l’œuvre témoigne de l’imprégnation toujours vivace du vaudou dans la culture louisianaise. »
Par Jacques PERIN – JAZZ MAGAZINE-JAZZ MAN
Par Jacques PERIN – JAZZ MAGAZINE-JAZZ MAN