Le rythme régulier de rééditions de son œuvre confirme que Bo Diddley a marqué la musique contemporaine. C’est au tour de Frémeaux d’y aller de son triple CD, sous la houlette de Bruno Blum, pour une approche qui forcément remonte le temps, depuis le rock des années 60 et 70 vers les origines Diddley-ennes des nombreux morceaux enregistrés par les Rolling Stones, les Who, les Remains, les Allman Brothers, les Creedence Clearwater Revival et tant d’autres. La compilation est judicieuse avec les succès des débuts et un bon échantillonnage : des titres avec le Diddley beat, des blues, des bluettes doo-wopisantes, qui peuvent irriter certains mais qui font définitivement partie de l’univers du maître, des proto raps, des instrumentaux et des rock an roll, autant de styles que Bo déroulait avec une facilité déconcertante, à l’aise partout, empêchant ainsi qu’on lui colle une étiquette particulière. Il mélangeait blues, caraïbes, pop, gospel, voodoo, en touillant l’ensemble à coups de riffs furieux sur ses guitares Gretsch dont le design lui reste à jamais lié. Notons au passage que Bruno Blum ne parle justement pas de ces guitares particulières dans son texte de pochette ni des accompagnatrices successives. Lady Bo, The Duchess, alors que c’étaient pourtant des éléments à part entière du spectacle total de Bo Diddley. Ce coffret en appelle un autre car il s’arrête en 1960, ce que Bo n’a bien sûr pas fait, produisant encore moult pépites dans les années 60, comme « I can tell » qui sera aussi repris par de nombreux groupes tel Dr. Feelgood sur son premier LP. Pour l’intégrale, il faudra se tourner vers la série publiée par Hip-O dont les nombreuses versions alternatives peuvent rebuter. Le présent coffret est une très bonne façon de rentrer dans le mondedu Big Bad Bo.
Par Christophe MOUROT – SOUL BAG
Par Christophe MOUROT – SOUL BAG