« La ville de Santiago de Cuba, la seconde capitale de l’île, dans la province orientale, n’est pas seulement le berceau de la révolution mais aussi celui des rythmes afro-cubains qui donnèrent naissance aussi bien au jazz, au latin jazz qu’à la salsa, au tango, et à presque toutes les danses de l’Amérique latine. Plaque tournante de l’esclavage, Santiago de Cuba, où l’on acclimatait les futurs esclaves en y mélangeant les origines pour éviter les rebellions, vit naître ces rythmes multiples qui étaient le seul moyen de communication. Ils y sont restés vivaces à cause du nombre élevé d’esclaves qui marronnaient dans les sierras avoisinantes et à cause des cérémonies de la santoria qui se les transmettaient. En 1992, François Jouffa et François Missen ont enregistré « live », sur un Nagra, ces « sones » (boléros, guarachas, mambos, congas, guajiras et rumbas), chansons populaires de Cuba qui se distinguent par leurs rythmes d’une complexité ébouriffante, avec des instruments rudimentaires (bongos, tumbadoras, maracas, claves, guiros, botijas et la tres, la guitare à trois cordes). Quel que soit leur nom, et, souvent, c’est la rapidité ou le contenu qui les différencie, ces sones de Cuba sont surtout des airs à danser. Ici, ce sont des déclarations d’amour, des regrets, chantés par un(e) vocaliste, à qui répond un chœur de voix haut perchées. Ils sont joués ici par le septeto Turquino, les Sones de Oriente, le quinteto de la Trova, le septeto Tipico Oriental et sa chanteuse Aracelis Romero Chely, le Cuarteto Oriente et la Congo Los Hoyos. C’est du document. Je ne sais si, aujourd’hui, ça continue. Le contraire serait étonnant. J’y suis allé en 1978 et c’était déjà comme cela. »
Par Michel BEDIN – ON MAG