Ses premières faces de 1940 montrent un musicien prisonnier du carcan du « Blue-bird Sound » imposé par le producteur Lester Melrose, mais dont Memphis Slim s’affranchit dès 1946 en passant sur les labels indépendants qui prospèrent. Sa voix s’affirme, le boogie-woogie aussi, l’interaction du piano et de la contrebasse slappée fait merveille et la présence de saxophonistes donne un vernis rhythm and blues emprunté à la côte Ouest. Dès le début des années 1950, Slim, en phase avec son époque, s’attache les services de Matt Murphy, jeune prodige de la guitare alors inconnu qui va donner une expressivité nouvelle à sa musique. Les années 60 venues, sans rien renier, il se tourne vers le public du « blues revival » new-yorkais ou anglais, plus avide d’albums que de 45 tours. C’est ce parcours que retrace l’impeccable sélection de Gérard Herzhaft qui s’écoute avec un intérêt constant. Entre morceaux de bravoure pianistique, chant habité et solos de guitare brillants, on apprécie quelques pièces devenues « classiques », comme ce « Nobody Loves You » passé inaperçu en 1947 avant de devenir le « Everyday I Have The Blues » de Lowell Fulson, Joe Williams et tant d’autres. La compilation s’arrête au moment où Memphis Slim choisit de venir s’installer à Paris et qu’une autre histoire commence.
Par Jacques PERIN- JAZZ MAG - JAZZMAN
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