« Un conseil : ne vous focalisez pas sur l’image de James, roi du R’n’B / Soul des années 1960 puis du Funk et de la Sex Machine, vous ne liriez pas ce qui suit et ce serait fort dommage pour vos oreilles. Pour ma part, l’ayant d’abord entendu au milieu des années soixante, je ne m’étais pas, à l’époque, intéressé à ce qu’il avait pu faire auparavant. J’avais simplement acquis l’album public à l’Apollo, trouvant les Famous Flames très bons et aimant bien les deux / trois titres dont je découvrirais plus tard qu’ils ressemblaient à duSwamp Pop. Ce n’est qu’ultérieurement que j’ai entendu son Rock’n’Roll littlerichardesque, “Chonnie-On-Chon” et l’ai trouvé superbe. Ce fut donc une vraie découverte tardive qu’entendre ces morceaux King / Federal sur cette anthologie 3 CD’s et je ne le regrette vraiment pas. Oui, lors de cette période allant de début 1956, lorsque Ralph Bass, producteur pour Syd Nathan, reçoit une maquette d’un jeune chanteur de Géorgie nommé James Joseph Brown Jr., à 1961, ce dernier a bel et bien enregistré de la bonne musique. Il a, d’ailleurs, failli se retrouver chez Chess (l’histoire aurait-elle été la même ?), car la maquette est envoyée s imul tanément à King et Ches s ; une tempête de neige empêchant Leonard Chess de s’envoler pour la Géorgie, Bass peut engager Brown et son groupe, qu’il fait venir à Cincinnati et rebaptise Famous Flames. Le premier titre de la maquette, “Please, Please, Please”, est enregistré le 4 février. Nathan, présent, ne veut pas en entendre parler : « C’est une chanson stupide. Il n’y a qu’un seul mot dedans, please ». Bass tient bon, le simple est mis sur le marché le 3 mars, sur Federal, décolle vite, est N°5 R’n’B et se vend à 1 M d’exemplaires. Nathan présente des excuses à Bass, qu’il a sacqué, et le réengage. Ce sera le premier épisode des relations amour / haine entre Brown et Nathan, mais la musique n’en souffrira pas. Ici, nous avons droit à de l’excellent rockin’ Rhythm’n’Blues à la Hank Ballard ou même Larry Williams, de belles ballades Doo-Wop ou style Little Richard sur Specialty, voire même du Rock’n’Roll torride, déjà évoqué, ou bien enlevé (“Fine Old Foxy Self”), plus des titres très Swamp Pop (“Try Me” par exemple), avec un glissement vers son futur style sur la fin du 3e CD. Une bonne partie des ingrédients (cris, gémissements, apostrophes) de son succès futur sont déjà là, mais employés d’une manière plus conforme à nos goûts, supérieurement accompagnés par les Famous Flames, dont le superbe pianiste Bobby Byrd (pas celui de “Rockin’ Robin”), même si la prise de son King n’est pas toujours parfaite, loin de là. Le livret de Bruno Blum est bien détaillé sur les débuts de la carrière de James et, après l’hommage récent à Bo Diddley, Frémeaux tape de nouveau dans le mille. Recommandé très chaudement. »
Par Bernard BOYAT – ROCK’N’ROLL REVUE
Par Bernard BOYAT – ROCK’N’ROLL REVUE