« Un jazz de chambre intemporel » par Jazz Magazine-Jazzman

Bien qu’il ne soit pas natif de la Cité du Croissant, le clarinettiste Evan Christopher est, à n’en pas douter, l’un des représentants majeurs du style New Orleans tel qu’il est pratiqué à l’heure actuelle. A savoir un style qui, pour s’être abreuvé de la tradition puisée aux meilleures sources (Dodds, Noone, Bigard, Bechet, entre autres), ne s’est pas pour autant cristallisé, mais a su intégrer d’autres influences sans rien renier de son passé. Tel est le mérite de ce musicien. Et son originalité. Au point qu’il parvient à faire siens des univers aussi dissemblables que ceux de Django (« Dango A La Creole ») ou Bechet (« In Sidney’s Footsteps »). Ici, il convoque comme « grands témoins », Jelly Roll Morton et Tommy Ladnier, emprunte à Creamer et Layton, mais pour les renouveler, deux standards, Way Down Yonder et Dear Old Southland, développe surtout, à travers des compositions originales, le souvenir d’une ville qui tente de renouer avec son lustre musical. La pièce qui donne son titre à l’album, imprégnée de blues, déclinée avec une constante délicatesse par un quartette sans batterie, formule que Bucky Braff et George Barnes portèrent, à leur époque, à une quasi perfection. Le fin guitariste Bucky Pizzarelli apporte son concours et sa sensibilité à cette entreprise séduisante qui opte pour la nuance plutôt que pour la couleur, la légèreté et la suggestion de préférence à l’affirmation tonitruante. Un jazz de chambre intemporel qui n’oublie jamais cette vertu majeure qu’est le swing. Jacques ABOUCAYA – JAZZ MAGAZINE-JAZZMAN