« Il est indéniable que les cultures africaines ont façonné l'imaginaire américain et défini les contours de la musique populaire née de la diaspora noire. Entre 1920 et 1960, 40 années d'évolution sociale ont accompagné les soubresauts de l'histoire. Les artistes, et notamment les musiciens, se sont fait l'écho de la lutte incessante pour le respect des droits civiques en composant des œuvres légendaires désormais inscrites dans notre patrimoine. De Louis Armstrong à Duke Ellington, de Wilmoth Houdini à Lord Kitchener, la force expressive des instrumentistes d'alors révélaient une volonté farouche de s'approprier un héritage ancestral que des décennies d'esclavage avaient abîmé. Si le continent africain fut longtemps un territoire fantasmé par les créateurs, il est toujours resté le cœur battant de la communauté noire outre-Atlantique. Le dessinateur, producteur, guitariste, conférencier et photographe, Bruno Blum, est aussi l'auteur de nombreux ouvrages consacrés aux racines culturelles des peuples noirs à travers les âges. Il fait paraître aujourd'hui, «Africa in America» (Frémeaux & associés), une sélection d'archives sonores et musicales symbolisant la prise de conscience politique des Afro-Américains et Caribéens durant la première moitié du XXème siècle. Cette période cruciale dans «L'épopée des Musiques Noires» a progressivement transformé l'inconscient collectif des acteurs et témoins du bouillonnement racial quand la ségrégation semblait s'imposer comme l'un des fondements indiscutables des sociétés occidentales. Insidieusement, Sidney Bechet, Dizzy Gillespie, Charlie Parker, Mongo Santamaria, Art Blakey, Randy Weston ou Max Roach ont montré leur engagement citoyen et fait avancer la cause des orateurs progressistes que furent Marcus Garvey, Martin Luther King ou Aimé Césaire. »
Par Joe FARMER – L’EPOPEE DES MUSIQUES NOIRES - RFI
Par Joe FARMER – L’EPOPEE DES MUSIQUES NOIRES - RFI