Dans le blues français aussi, « quand les Hommes décident de prendre la main, la volaille calte ». Dans le rôle des durs, Benoit Blue Boy et Franck Goldwasser n’ont aucun mal, tant leur légitimité est évidente. Dans le rôle de la volaille, les auditeurs de ce disque auront une part à jouer, s’égaillant d’abord en tout sens sous l’effet du choc auditif puis se rassemblant pour écouter les deux maîtres du poulailler. Benoit est en pleine possession de sa verve légendaire, ses rythmes sont faussement paresseux, ses harmonicas restent sudistes, ses textes sont loin des clichés, même s’ils parlent de relations interpersonnelles et sentimentales, remplis d’humour mordant, souvent sombres, et il prouve encore une fois qu’il est le meilleur français. Il a des challengers, Lenny Lafargue, Raoul Ficel, CadiJo, mais il reste le maître, utilisant naturellement, les sons, les syllabes, les rimes, pour tomber juste, un exercice pas si évident que ça. Franck Goldwasser, qui a déjà chanté un titre en français sur son « Bluju » de 2003, se met sans peine à l’unisson, apportant aussi ses guitares multiples, rageuses, parfois à effet, toujours dans le ton, avec des solos qu’on se repasse en bouche. A noter le long final hypnotisant de « Y a mon téléphone qui sonne ». Stéphane Manaranche est à la basse et Marty Vickers à la batterie. Aucun Tortilleur donc sauf le fidèle Stan Noubard Pacha à la guitare sur un titre. Les deux compères terminent avec « Le blues au bout d’mon lit », un blues acoustique particulièrement bien senti. Le blues en français a ses opposants, ce disque de très haut niveau les fera changer d’avis.
Par Christophe MOUROT – SOUL BAG
Par Christophe MOUROT – SOUL BAG