« Le choix est passionnant » par Chants…Songs

« Grâce au travail d’artisan de Frémeaux & Associés, les collectionneurs invétérés ne sont plus les seuls à découvrir des raretés griffées du talent de Charles Trenet. Le fou chantant aurait eu 100 ans le 18 mai dernier et une exposition témoigne de son impact et de son influence à la Galeries de Bibliothèques à Paris jusqu’au 30 juin et du 20 juillet au 20 octobre à Narbonne. Des jeunes années aux dessins griffées Cabu, tout Trenet revit dans cette mémoire en forme de route enchantée. Grâce à des bornes, on y entend Trenet chantant, notamment dans la version japonaise de La Mer. Sans oublier les manuscrits, les partitions, les vinyles… De quoi revivre toute une époque de la chanson. Retour au coffret accompagné d’un livret très riche en informations. Avec notamment la célèbre phrase prononcée par Jean Cocteau lui remettant un disque d’or le 6 novembre 1955 : "Il serait inexact de dire que tu as fait descendre la poésie dans la rue, car ton prodige est que tes chansons y poussent comme si le trottoir était une herbe d’avril (…) Ce disque est fait d’un or dont tu resteras toujours le jeune et mystérieux alchimiste. Ce jour de la Saint Charles, je te le remets et je t’embrasse." Côté chansons, le choix est passionnant. Des mélodies parfois oubliées du grand Charles comme J’ai mordu dans le fruit, accompagné par  l’orchestre dirigé par Guy Luypaerts ou  encore Eddie Barclay et son Grand Orchestre promenant son swing sur Boum ! / Le Soleil et la Lune. Et puis, il y a des versions inattendues. Ainsi quand Tino Rossi chante La Mer;  Luis Mariano se glisse dans  En avril à Paris et  Eddie Constantine s’offre Retour à Paris. Inversement, le fou chantant ne boude pas son plaisir quand il donne de la voix sur la portée de la célèbre Belle de Cadix ou sur celle de Comme un petit coquelicot, une version à découvrir du tube de Mouloudji. Sans oublier le duo avec Mireille sur La Demande en mariage. Pour terminer ce riche coffret, il y a des raretés comme Gangsters et Documentaires, une chanson pourtant sortant de l’ordinaire. C’est tellement réussi que l’on regrette de ne point avoir en prime des duos superbes de Trenet avec Brassens. Trenet, un homme qui avait le sens des formules. On se souvient notamment de "Je fais des chansons comme un pommier fait des pommes". Ou encore : "La nouvelle génération n’ose plus dire qu’elle fait des chansons : on fait des titres. Je ne sais pas s ils sont cotés en Bourse." A méditer en ces époques gérées d’abord par la philosophie du tiroir-caisse non ? »
Par François CARDINALI – CHANTS…SONGS