« (…) d'une redoutable efficacité, Onfray, qui a relu l'œuvre intégrale de Camus, démontre non seulement que celui-ci n'était pas un «philosophe pour classes terminales», comme on l'a trop répété, mais un authentique grand écrivain. Surtout, Onfray met à mal la légende de Sartre, construite par Beauvoir et les sartriens après-guerre, qui ont fait de celui-ci le parangon de l'«intellectuel résistant». Car c'est le contraire qui est vrai. Comme le rappelle Onfray, alors que Camus a toujours refusé de plier l'échine devant la violence de l'histoire, aussi bien en France, à l'époque de l'occupation, que face au double terrorisme du FLN et de l'OAS, Sartre s'en est accommodé. L'homme qui déclara: «Jamais nous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande» et fit l'éloge de Giraudoux dans la revue collaborationniste Comœdia en 1943, entra en dissidence contre de Gaulle à la Libération, période où il se transforma, avec Aragon et Duras, en procureur des lettres françaises. Au-delà de Sartre, c'est toute une intelligentsia qu'Onfray met en cause, celle-là même qui avait snobé Camus. Grâce à cet essai, dont on peut par ailleurs contester les thèses, notamment celle d'un improbable «nietzschéisme de gauche» de Camus, celui-ci apparaît enfin pour ce qu'il fut: un défenseur du «sens commun» tel que le définissait Orwell. Autrement dit, un homme qui préfère les risques solitaires de la vérité aux charmes troubles de l'idéologie. »
Par PF PAOLI – LE FIGARO
Par PF PAOLI – LE FIGARO