« Le guitariste Rodolphe Raffalli (avec deux “f” et deux ailes, comme il aime à le dire) a du talent aussi bien dans le jazz que dans la musique sud-américaine, mais là où il excelle, c’est dans la transposition en swing manouche (son swing manouche à lui), de la chanson française. Et je suis d’autant plus à l’aise pour le dire que c’est moi qui l’ai incité à réaliser un concert instrumental de Brassens à la bibliothèque de Villejuif, ce qui a donné dans la foulée le fameux CD instrumental Hommage à Brassens. J’ai dit « son swing manouche à lui » car le swing de Rodolphe a ce lyrisme, cette empathie avec l’humanité de Georges Brassens, ce sens de la poésie, cette décontraction, cette virtuosité sans affèterie qui n’appartiennent qu’à lui. Cette fois-ci, c’est la chanson française en général, celle des années soixante, celle d’Edith Piaf, de Charles Aznavour, de Mouloudji, de Cora Vaucaire, de Charles Trénet et, bien sûr, de Georges Brassens. Quatre nouvelles chansons du géant de la chanson (« Les Trompettes de la renommée », « L’Amandier », « Une Jolie fleur » et « La Mauvaise herbe ») qui viennent s’ajouter aux vingt-cinq déjà enregistrées chez Frémeaux. Elles trouvent tout naturellement leur place, transfigurées par la patte de Rodolphe Raffalli, au milieu de « Padam, padam », de « Trois petites notes de musique », du « Vieux piano de la plage », de « Milord », de « Sa jeunesse ». L’accordéon de Félix Belleau donne une couleur swing musette à ce CD dans lequel David Gastine, à la pompe, Sébastien Gastine à la contrebasse et Samuel Lerner au piano donnent une solide assise. Je n’émettrai que deux bémols : le chant de David Gastine sur « Une jolie fleur », non qu’il chante mal, mais après Brassens, c’est difficile d’assurer. Et « Je ne pourrai jamais vivre sans toi » de Michel Legrand, devenu, par snobisme, « I Will Wait for You ». Pourquoi pas Michael The Tall, pendant qu’on y est ? »
Par Michel BEDIN – ON MAG
Par Michel BEDIN – ON MAG