« Une belle leçon d'humanité » par Les Echos

« A l'heure où la Cité de la musique célèbre Django Reinhardt, « Les Fils du vent » offrent une contre-plongée dans la « Gitanie » d'aujourd'hui. Au départ, il y a huit ans, quand Bruno Le Jean a proposé aux quatre guitaristes de les filmer, ils étaient plutôt réticents. Finalement, ils ont accepté « car ils voyaient en moi une reconnaissance », dit le réalisateur, qui les a suivis durant cinq ans, accumulant cent vingt heures de rushes. De la Chope des Puces de Saint-Ouen aux files de caravanes parties sur les routes à la recherche d'un point d'eau ou d'une prise d'électricité en passant par le festival de jazz de Samois-sur-Seine, les quatre guitaristes, brillants héritiers de Django, servent de guide à une approche sincère du monde manouche. Il y a Angelo Debarre, méfiant de nature, très attaché aux traditions et à l'itinérance, le plus politique, aussi ; Moreno, qui a renoncé à la caravane pour s'installer dans un deux-pièces parisien, et qui râle volontiers contre les clichés et le folklore ; Ninine Garcia, dont le père a fondé la Chope des Puces et dont le jeune fils Rocky est prêt à prendre la relève ; Tchavolo Schmitt, qui développe une philosophie tranquille et chaleureuse de la vie. En Bretagne, où il s'est installé, il aime écouter le bruit des vagues au bord de l'océan ; elles font de la musique. Loin des clichés, « Les Fils du vent » donnent une belle leçon d'humanité. »
Par Thierry GANDILLOT - LES ECHOS