« Pour une fois le terme de télépathie, se justifie pleinement » par Jazzmag - Jazzman

Une rencontre fraternelle dont on s’étonne qu’elle n’ait pas inspiré plus tôt les producteurs de disques. Voilà pourtant plus de trente ans que les frères Lockwood occupent la scène française. Les voici donc réunis dans cet album enregistré en 2008 pour le label Ames et dont le titre dit tout sans qu’il soit besoin d’ajouter une quelconque glose. Il sous-entend la connivence entre le violoniste et le pianiste, connivence qui va au-delà de la simple empathie musicale et se manifeste de bout en bout, dans les dialogues comme dans les improvisations ou l’entente et la similitude d’inspiration sont proprement éclatantes. Ainsi de « Impro Opus1 » et « Opus 2 », exercice périlleux s’il en est, où l’écoute mutuelle suscite le jaillissement commun d’idées qui se mêlent et s’entrecroisent, sans hiatus ni rupture. Pour une fois, le terme de « télépathie », si galvaudé en pareille occurrence, se justifierait pleinement. Comme du reste, dans les autres morceaux signés alternativement par l’un et l’autre frère, à l’exception du seul standard, « In A sentimental Mood », longue pièce qui donne lieu à une interprétation toute en finesse, avec un remarquable chorus de violon pizzicato. Est-il utile d’insister sur les qualités intrinsèques de chacun, virtuosité de Didier, goût pour les distorsions électroniques (Mister Bling Bling), sûreté de Francis dont le lyrisme contenu et les accompagnements restent un modèle du genre ?
Par Jacques ABOUCAYA – JAZZMAG – JAZZMAN