« Une prestation énigmatique et frissonnante, innervée et lyrique » par Jazz News

« Paris vaut bien un concert, mais lequel ? Le 21 mars 1960, Miles Davis, surfant sur la vague initiée un an plus tôt avec Kind of Blue, investit la scène de l’Olympia en compagnie de John Coltrane (et Paul Chambers, Jimmy Cobb et Wynton Kelly, alias l’un des prodigieux quintets de l’histoire). Trane, sur le départ, secoue désormais le cocotier du jazz tire une bourre phénoménale à son leader. La moitié du public agonit d’injures le saxophoniste, l’autre voit en son jeu se lever une aube nouvelle, dont Davis supporte mal l’éclat. Cette tension palpable génère un concert comme une entrée fracassante dans l’histoire, une prestation énigmatique et frissonnante, innervée et lyrique. Sept mois plus tard, les choses sont rentrées dans l’ordre dans un catalogue de thèmes (presque) comparable, même si moins prolixe au registre de l’improvisation, avec le remplacement de Coltrane par Sonny Stitt. Un leader clairement en front de scène, des musiciens validant les attendus minimalistes du patron, et les harmonies seront bien gardées. C’est à ce prix que le groupe devient l’éclatant parangon d’un néoclassicisme jazz. Ce quadruple album rejoindra immanquablement la discothèque de tout honnête homme. »
Par Christian LARRÈDE – JAZZ NEWS