L’histoire d’amour entre Ray Charles et le public français fut immédiate et considérable (due, en partie, au flair et au sens de la communication des futurs Citizen Kane, Franck Ténot et Daniel Filipacchi). En 1961, Ray Charles a 31 ans, il est au sommet de sa créativité. Il vient de quitter Atlantic pour Impulse et se produit pour la première fois à l’étranger, quatre soirs de suite au festival d’Antibes (filmé par J.-C. Averty, objet du DVD « Live in Europe »). Son succès est tel qu’il revient trois mois plus tard à la tête d’une grande formation (vingt musiciens excellents), troque son piano pour un orgue Hammond durant une série de cinq, finalement sept concerts (dont un réservé aux G.I. durant lequel Ray Charles aurait joué du saxophone alto) au tout nouveau Palais des sports parisien attirant – du jamais vu pour un artiste afro-américain – la bagatelle de 35 000 spectateurs, à 70% âgés entre 16 et 20 ans. Néophytes, minets, futurs yé-yés, amateurs de soul, de blues, de rock et, bien sûr, de jazz (« figues moisies ») comme « raisins aigres »), ils sont tous là, subjugués. Six mois plus tard, rebelote, à l’Olympia cette fois, même line up. Seule différence, l’abandon de l’orgue au profit du piano. Trois CD pour revivre un des moments clé de la conquête de l’Europe par la Great Black Music !
Par Jean-Pierre BRUNEAU – JAZZ NEWS
Par Jean-Pierre BRUNEAU – JAZZ NEWS