L’exceptionnel talent de Daniel Mesguich, sa maîtrise de notre langue, de sa vibration, de ses couleurs nous poussent à accorder la plus grande attention à chaque sortie de coffret consacré à la lecture d’un auteur classique. L’ancien directeur du Conservatoire national d’art dramatique, une fois de plus, nous comble avec cette lecture d’A l’ombre des jeunes filles en fleurs. Il y eu Les Confessions de saint Augustin, les Mémoires d’outre-tombe, Du côté de chez Swann, autant de lectures qui servent l’œuvre et son auteur de manière magistrale. Notre amour de la littérature s’en trouve en quelque sorte exalté, comme notre passion de la musique lorsque nous écoutons une symphonie interprétée par Sergiu Celibidache ou Carlos Kleiber.
Il y a des œuvres qui sont au point culminant de leur présence et de leur charge émotive par la grâce d’une interprétation d’une justesse inouïe qui consiste à rendre la matière sonore entièrement poreuse à l’esprit du texte ou de la partition. Il y a d’autres interprétations de l’œuvre de Proust, d’autres lectures très belles, très sûres. Celle-ci possède ce je-ne-sais-quoi, comme dirait Vladimir Jankélévitch, qui la rend à jamais nécessaire et inoubliable. Que nous connaissions ou non cette partie de la Recherche, écouter la lecture qu’en fait Daniel Mesguich, c’est retrouver ce feu qui danse au cœur de toute création et que la cendre des commentaires habituels et habitués finit peu ou prou par étouffer.
Jérôme Serri, LIRE
Jérôme Serri, LIRE