Saravah par Télérama

“Ces sourires complices, ces regards épanouis captés par une caméra au doux mouvement dansant, au moment même où la musique naît du plaisir de la rencontre, c’est d’abord cela qui captive dans le film de Pierre Barouh (auteur, entre autres, de la BO du film Un homme et une femme). Saravah n’est pas un documentaire sur le label de disques qu’il a créé et qui porte le même nom, pas plus qu’un film sur la musique brésilienne : c’est le journal d’un voyage de trois jours, en 1969, au gré des sambas improvisées par Maria Bethania et Paolinho da Viola ou du dialogue entre la guitare de Baden Powell et le saxophone de Pixinguinha. En bonus, filmée dans une favela en 1998, l’histoire d’Adao, qui chante les cultures afro des bidonvilles en solo, au son du tambour : il finira le corps criblé de balles.” TÉLÉRAMA

Seconde chronique lors de la diffusion (2008) :
"1969 est pour Pierre Barouh l’an III après Un homme est une femme et son fameux Chabadabada. Le film de Claude Lelouch a valu au musicien la gloire et assez d’argent pour fonder sa maison, Saravah. Le documentaire qui porte ce titre n’est pas l’histoire du label, mais un carnet de voyage au charme décousu, aussi riche que peu didactique. Au Brésil, Barouh renoue avec Baden Powell, avec qui il composa Samba Saravah. Des images remuantes et chamarées de carnaval mariées à la suavité de la bossa-nova ouvrent une piste : celle-ci serait le revers velouté et ralenti de la samba (ou du samba, si l’on veut respecter le portugais). « Faire une samba sans tristesse, c’est aimer une femme qui ne serait que belle » : Barouh, « le Français le plus brésilien de France », fait sienne cette phrase de Vinicius de Moraes, « le blanc le plus noir du Brésil ». Si l’esprit de Vinicius plane ici, c’est Baden Powell et sa guitare (éclairant les influences africaines de la bossa avec le très beau Yemanja) qui font office de fil rouge. La musique est filmée dans la spontanéité des rencontres, autour d’une table, elle relaie la conversation, la nourrit, parmi les bouteilles et les sourires. On retient bien sûr celui d’une Maria Bethânia pleine de grâce. Mais chacun de ces instants saisis à la diable, en amateur possédé de son sujet, respire un naturel qui donne quelques regrets sur la manière dont est captée aujourd’hui la musique à la télévision." François GORIN - TELERAMA