Non seulement, il s’agit de Martial Solal (il nous objecterait peut-être lui-même qu’il ne s’y reconnaît plus, mais nous y trouvons nous de nombreuses occasions de régal), non seulement il s’agit d’u témoignage capital sur l’émergence d’un jazz français original, mais en plus tout cela était devenu fort rare, le catalogue Swing-Vogue étant à l’abandon. Quant à EMI France, depuis les dernières rééditions pilotées par Daniel Nevers (il apporte son concours à cette réédition cosignée Alain Gerber et Alain Tercinet), il semble qu’il ne s’y trouve plus personne connaissant le nom de Martial Solal. Des faces ici publiées, seules ne relèvent pas de la rareté les Philips (« Kenny Clarke’s Sextet Plays André Hodeir ») et les Fontana (« Jazz et Jazz » de 1960 sur une bande concrète du Groupe de recherches musicales de 1952) rééditées par Universal dans la collection Jazz in Paris. La présente sélection débute avec les œuvres orchestrales – « Au 4ème Top » (1956), « Blouse bleue » (1958), etc. – où l’on voit le pianiste s’émanciper rapidement de l’influence , alors omniprésente en France, de Stan Kenton. Les douze minutes de la fondatrice « Suite en Ré bémol » (quartette avec Roger Guérin, Paul Rovère et Daniel Humair) précèdent trois des six standards et quatre des cinq originaux de l’album solo « Ouin-Ouin ». Le deuxième disque est l’occasion de (re)découvrir deux extraits du nonette de « Jazz et cinéma » (musique pour un film imaginaire, très significative de l’œuvre solalienne), trois autres de « Mysère Solal » en big band comparativement plus datées et deux pièces maîtresses du trio avec Guy Pedersen et Daniel Humair, le 45-tours « Frises I-II » et l’intégralité du 30cm « Jazz à Gaveau » de 1962 (qui aura un volume 2 en 1963 et espérons-le sur un volume 2 de cette Quintessence).
Par Franck BERGEROT – JAZZMAN – JAZZ MAGAZINE
Par Franck BERGEROT – JAZZMAN – JAZZ MAGAZINE