Mission splendidement accomplie par Télérama

Terminons l’année par un grand plongeon en arrière : Quincy Jones et son big band en concert au printemps 1960. Nous y étions. Assuré d’être témoin d’un moment de l’histoire du jazz. Sur Europe n°1, grâce à Frank Ténot et Daniel Filipacchi, on pouvait assister pour rien au studio Barclay, avenue Hoche, à des concerts-répétitions d’un nouveau grand orchestre où brillaient des stars comme Clark Terry à la trompette et Phil Woods au saxophone alto. On avait entendu cet orchestre dans la comédie musicale Free and aesy, de Harold Arlen et Johnny Mercer, qui avait fait un flop retentissant à l’Alhambra pour cause de guerre d’Algérie et d’insécurité dans les rues. Les gentlemen de cet orchestre en profitaient pour taper le bœuf en petite formation au Chat-qui-pêche, petite boîte géniale en plein Quartier latin. Aujourd’hui que Quincy Jones est devenu l’un des piliers extravagants de la pop music, on en sait un peu davantage. Il était venu à Paris, tout juste âgé de 26 ans, pour étudier avec Nadia Boulanger. Elle lui avait conseillé d’orchestrer le jazz. Barclay l’avait engagé comme directeur musical ; il avait arrangé des morceaux pour Henri Salvador. A présent, il s’agissait de montrer son savoir-faire en artiste à la tête d’un big-band dans le grande tradition illustrée par Count Basie. Mission splendidement accomplie, comme en témoignent ces enregistrements live au studio Hoche et à l’Alhambra. Ces beaux messieurs (et deux dames : Pattie Brown au piano, Melba Liston au trombone) swinguent comme des bienheureux. Si vous ne craquez pas en écoutant Clark Terry jouer I’ll remember Clifford, sachez-le, vous êtes perdu pour le jazz. Michel CONTAT-TELERAMA