L’esclavage à destination des Amériques ne fut pas une mince affaire : au bas mot, douze millions d’Africains déportés en deux siècles par le biais du très lucratif commerce triangulaire à partir des colonies européennes, portugaises surtout anglaises, espagnoles, françaises, hollandaises et même danoises, relais pris en 1783 par la nouvelle nation étasunienne qui se voulait pourtant exemplaire. Cette compilation en trois CD et soixante-douze plages n’échappe pas au côté un peu fourre-tout (mais agréable à l’écoute) des précédents coffrets concoctés par Bruno Blum (Voodoo in America, Africa in America). Composée de chansons et d’airs à propos de, inspirés par, n’ayant rien à voir mais qui auraient pu (« 16 Tons » par le chanteur country Tennessee Ernie Ford), macumba, santeria, calypso, mento, merengue, quadrille, jazz (y compris sa composante free), R’n’B, gospel, blues, work song, fanfares s’entremêlent en un montage impressionniste où l’on retrouve le rastafari jamaïcain Count Ossie, le cubain Mongo Santamaria, Satchmo, le Duke, Professor Longhair, Max Roach et l’inévitable Bo Diddley. Christiane Taubira, ministre de la Justice qui en préface le livret rejoint Mighty Mo Rodgers lorsqu’elle évoque « l’incommensurable force résiliente de la prière, de la musique, de la poésie, d’une cosmogonie inventée pour échapper à cet univers apocalyptique (…) de leurs voix obstinées et d’instruments improbables, ils (les esclaves) érigèrent la musique en art total. Inépuisable. Ils firent ainsi l’expérience de l’invincibilité ».
Par J-P.B.- JAZZ NEWS
Par J-P.B.- JAZZ NEWS