Voici l'un de ces disques passionnants que les amateurs de chanson doivent se procurer.
De 1956 à 1960, Henri Salvador construit son personnage. Au sein de l'orchestre de Ray Ventura, dont il fut l'une des vedettes à ses débuts, le chanteur en avait déjà dessiné les contours: un clown capable d'émouvoir avec une ou deux ballades sentimentales-influencées par Paul Misraki, compositeur attitré de cette formation, mélodiste exceptionnel à qui Salvador a toujours rendu hommage. Mais suivant l'inspiration de son épouse, Jacqueline, il en fait l'un des deux piliers de son répertoire, en y ajoutant la figure exotique de celui qui pleure son ile perdue.
Le succès populaire ne tarde pas. Mais Boris Vian, fanatique de jazz et militant subtil de l'antiracisme va permettre au chanteur de produire, à partir des stéréotypes de l'époque, une contre-image d'autant plus efficace qu'elle prend le parti de l'humour. Je peux pas travailler retourne le préjugé de l'antillais supposé paresseux, Blouse du dentiste s'achève en cri de détresse- "et moi je chante ce soir, le blues du dentiste dans le noir"- et Faut rigoler, chef d'oeuvre absolu, porte le fer contre une formule célèbre: "nos ancêtres les gaulois".
Dans le même temps, Salvador cultive ses dons de show-man. Quel chanteur...En écoutant ces anciens enregistrements (remarquablement publiés), chacun peut se rendre compte qu'il ne disposait pas seulement d'une voix de velours, mais encore d'un sens extraordinaire du phrasé, du décalage sur le temps. Lorsqu'il interprète Il n'y a plus d'amandes (sur un texte d'un certain Joseph Mustacchi qui deviendra célèbre sous le pseudonyme de Moustaki) ou bien Les petits copains ( dont les paroles ont été écrites par Pierre Saka) Salvador atteint des cimes.
Plus tard, il se lancera dans la chanson à sketches et les adaptations de Walt Disney. Grâce à cela, il a vécu dans un appartement dont les fenêtres donnaient sur la place Vendôme. Tant mieux pour lui. Mais on est en droit de penser que c'est ce disque-là qui est un vrai bijou.
Par Frédérick CASADESUS – MEDIAPART
De 1956 à 1960, Henri Salvador construit son personnage. Au sein de l'orchestre de Ray Ventura, dont il fut l'une des vedettes à ses débuts, le chanteur en avait déjà dessiné les contours: un clown capable d'émouvoir avec une ou deux ballades sentimentales-influencées par Paul Misraki, compositeur attitré de cette formation, mélodiste exceptionnel à qui Salvador a toujours rendu hommage. Mais suivant l'inspiration de son épouse, Jacqueline, il en fait l'un des deux piliers de son répertoire, en y ajoutant la figure exotique de celui qui pleure son ile perdue.
Le succès populaire ne tarde pas. Mais Boris Vian, fanatique de jazz et militant subtil de l'antiracisme va permettre au chanteur de produire, à partir des stéréotypes de l'époque, une contre-image d'autant plus efficace qu'elle prend le parti de l'humour. Je peux pas travailler retourne le préjugé de l'antillais supposé paresseux, Blouse du dentiste s'achève en cri de détresse- "et moi je chante ce soir, le blues du dentiste dans le noir"- et Faut rigoler, chef d'oeuvre absolu, porte le fer contre une formule célèbre: "nos ancêtres les gaulois".
Dans le même temps, Salvador cultive ses dons de show-man. Quel chanteur...En écoutant ces anciens enregistrements (remarquablement publiés), chacun peut se rendre compte qu'il ne disposait pas seulement d'une voix de velours, mais encore d'un sens extraordinaire du phrasé, du décalage sur le temps. Lorsqu'il interprète Il n'y a plus d'amandes (sur un texte d'un certain Joseph Mustacchi qui deviendra célèbre sous le pseudonyme de Moustaki) ou bien Les petits copains ( dont les paroles ont été écrites par Pierre Saka) Salvador atteint des cimes.
Plus tard, il se lancera dans la chanson à sketches et les adaptations de Walt Disney. Grâce à cela, il a vécu dans un appartement dont les fenêtres donnaient sur la place Vendôme. Tant mieux pour lui. Mais on est en droit de penser que c'est ce disque-là qui est un vrai bijou.
Par Frédérick CASADESUS – MEDIAPART