« Une époque faste pour l’artiste » par Chant…Songs

« La collection « Live in Paris » consacrée à des enregistrements inédits permet de réentendre Henri Salvador sur scène entre 1956 et 1960. Une époque faste pour l’artiste. Il faut bien l’avouer, certaines morceaux de ces enregistrements sur scène ont un peu vieilli aujourd’hui, soit parce qu’Henri Salvador force un peu sur le rire pour… le rire, soit parce que la chanson date un peu ou semble parfois – c’est un comble vu l’artiste – un brin xénophobe quand il en rajoute sur l’accent créole. Mais, il faut bien le dire aussi, Henri Salvador – qui est né en 1917 en Guyane – fait montre dans ces spectacles donnés à Bobino ou à l’Alhambra d’un sacré métier et il signe une prestation de crooner-entertainer dont il a le secret. L’artiste est capable de se moquer du rock – annonçant des chansons créées avec l’ami Vian comme « Rock hoquet » – pour mieux le servir avec un sens du rythme qui balance pas mal. A côté de deux versions du célèbre « Blouse du dentiste », qui demeure un joli numéro d’interprétation, il y a quelques chansons jamais gravées sur disque comme « Les Petits Copains » ou « Dérouillade blues ». Et quelques mélodies chaloupées à la mode calypso. Je l’ai déjà dit : Henri Salvador sans la rigolade, ce n’est plus du Salvador et cet album le prouve à travers des plages comme « Le Rire », « La Leçon de comédie » ou « Gin et télévision ». Salvador n’a pas passé tant d’années au côté de Ray Ventura et ses collégiens pour ne pas posséder le sens de la scène à un haut degré et il sait dire des intermèdes avec un vrai sens du moment opportun ou se moquer de son solo de trompette. Et puis, Henri Salvador sait jouer, comme personne, de son timbre de velours qu’il peut briser d’un éclat de son rire fameux. Et, quand il ralentit le tempo, c’est pour signer une belle chanson nostalgique, « Il n’y a plus d’amandes »,  coécrite avec son copain, Georges Moustaki – elle est même créditée d’un Joseph Mustacchi- , et qui permet de belles variations pour doigts habiles sur un manche de guitare. Au final, ce « live » de Salvador contient quelques savoureux numéros d’un showman français original et qui savait marier humour, tendresse, et déconne. Ce n’est pas un hasard si l’album se conclue par un « Faut rigoler », de circonstance. »
Par François CARDINALI – CHANTS SONGS