« Une genèse bien retracée ici » par Juke Box

Le terme funk désigne aujourd’hui un style dont les champions sont James Brown, George Clinton, Bootsy Collins, Maceo Parker, Sly Stone et qui connaît son apogée dans les années 70/80 notamment sur les pistes de danse des discothèques avec Hamilton Bohannon, Jimmy Castor Bunch, Isaac Hayes, Ohio Players, Chic, Earth Wind & Fire, Prince. Basé sur une section rythmique syncopée propice à la danse et un chant répétitif exhortant à la transe des corps, le style trouve son incarnation avec le légendaire « Sex Machine » de James Brown en 1969. Le long cheminement qui permet d’en arriver là est retracé dans ce coffret agrémenté d’un livret rédigé de main de maître par Bruno Blum. Le premier disque, « Syncopated Creole Music – The Deep Caribbean Roots Of Funk », appréhende les racines avec comme point d’ancrage la Nouvelle-Orléans, veritable creuset et point de passage obligé des musiques des Caraïbes. Machito, Tito Puente voisinent avec Allen Toussaint, Bo Diddley (indispensable précurseur), l’Ensemble de Quadrille Guadeloupéen et Vaudou Congregation. Le CD 2 nous emmène à New York avec le retour à l’Afrique amorcé par les jazzmen en réaction au cool trop sophistiqué et blanchi. Dizzy Gillespie (« Manteca »), James Moody (Tin Tin Deo »), Thelonious Monk (« Monk’s Dream ») et l’indispensable, au moins pour le titre, « Opus De Funk » de Horace Silver réinjectent une bonne dose de syncope et de sauvagerie alors que les excentriques Sun Ra et Moondog annoncent les délires de Parliament. Retour à la Nouvelle-Orléans pour le CD 3 avec Professeur Longhair (« Mardi Gras in New Orleans »), les Hawketts (Mardi Gras Mambo »), Dave Bartholomew (« Shrimp And Gumbo »), Art Neville (« Cha Doo-ky-Doo »), (« Arabian Love Call »), Eddie Bo (« Let’s Popeye ») et Elvis Presley qui dans « King Creole » chante le chaloupé « Crawfish »en duo avec Kitty White, avant de se conclure avec le parrain James Brown qui syncope furieusement sur (« I Found You » et « Mashed Potatoes U.S.A ») ; De terme un peu péjoratif dans la culture afro-américaine (mauvaise odeur corporelle), le funk s’est installé au fil des décennies comme un des genres majeurs des musiques actuelles. Sa genèse est bien retracée ici.
Par Tony MARLOW – JUKE BOX