« Première mondiale d’un concert historique donné à l’Olympia » par Juke Box Magazine

Les allemands Horst Lippmann (batteur de jazz) et Fritz Rau (avocat et patron de club) produisent l’émission « Jazz Gehört und Geshen » diffusée à la télévision de Baden Baden de 1955 à 1972. Ils montent l’agence de spectacles Lippmann & Rau et coproduisent avec Norman Granz les tournées « Jazz at The Philharmonic ». Avec l’aide du contrebassiste Willie Dixon ils organisent les tournées « American Folk Blues Festival » qui rencontrent un beau succès de 1962 à 1982. Un résumé du spectacle est proposé chaque année en 33 tours. Ce triple CD est une première mondiale car il présente l’intégralité du concert historique donné à l’Olympia de Paris à 18h le 20 octobre 1962, ainsi que de larges extraits du show de minuit le même soir. Un spectacle entier dédié au blues est nouveau pour le public français de 1962 qui se compose surtout d’amateurs de jazz pour qui le blues est une branche primitive de leur musique. Alors que le rock’n twist bat son plein, peu de rockers font alors le rapprochement avec leur musique, l’ambiance dans la salle est donc plus proche d’un concert classique. Il faudra attendre les Rolling Stones pour que les bluesmen soient reconnus à leur juste valeur. Et pourtant quelle affiche exceptionnelle ! Le concert démarre avec le géant John Lee Hooker qui, seul avec sa guitare, scotche littéralement l’auditoire sur « I’m In The Mood », « Money », « The Right Time » et le futur succès « Lets’s Make It Baby ». Viennent ensuite Memphis Slim et Willie Dixon qui, sur « Rockin’ the House », fait un solo de contrebasse slappée extraordinaire. Il faudra encore attendre vingt ans et les Stray Cats pour que cette façon de jouer soit intégrée dans le rock ! L’harmoniciste chanteur Shakey Jake effectue une belle démonstration de Chicago blues tandis que Sonny Terry & Brownie McGee retournent aux racines rurales et acoustiques de l’idiome. Le clou du spectacle est le pionnier de la guitare électrique T.Bone Walker qui mouline ses plans jump-blues ave un jeu de scène dans la tradition des showmen noirs (grand écart, guitare dans le dos) et qui se fait chahuter (un comble !) par un public coincé… dont certains seront admiratifs devant Jimi Hendrix cinq ans plus tard ! La chanteuse de R&B Helen Humes lui succède et emporte l’adhésion avec un répertoire qui est un des piliers sur lequel s’est construit le rock’n’roll. Tous les artistes reviennent pour un final endiablé avant de partir pour l’Angleterre où, parmi les spectateurs transis, figurent Mick Jagger, Brian Jones, Keith Richards et Jimmy Page. No comment !
Par Tony MARLOW – JUKE BOX MAGAZINE