Quand on évoque les pionniers du rock and roll, on pense aussitôt à Bill Haley, Elvis Presley, Gene Vincent ou encore à Wanda Jackson, mais jamais à Louis Jordan, Wynonie Harris ou Big Joe Turner. Pourtant ce sont bien ces chanteurs noirs qui ont transmis ce rythme de folie avant toutes ces talentueuses idoles blanches. Leurs créations appelées Rhythm and blues deviendront des classiques incontournables du rock and roll, quelques années plus tard. Seuls Chuck Berry et Little Richard ont réussi à s’imposer face à une armada de chanteurs venus de la country-music et de ses dérivés bluegrass et hillbilly. Le coffret intitulé « Race Records » présente ce style musical qui classe dans une sorte de ghetto ces nombreux artistes bannis des circuits commerciaux par les médias bien pensants. Pour les sortir de l’ombre du show business, des juifs expatriés d’Europe se sont lancés dans le commerce musical en créant des salles de concerts et des maisons de disques aux USA. Le but était de promouvoir tous ces talents. Parmi eux : Jerry Wexler (Atlantic Records), Jac Holzman (Electra Records) ou encore les plus connus d’entre tous, les frères Chess à Chicago. Dans la communauté blanche, le producteur Sam Phillips de Sun Records sera un des rares à prendre le risque d’enregistrer James Cotton, Rosco Gordon, Howling Wolf ou encore Rufus Thomas avant de faire signer Elvis Presley, Johnny Cash, Carl Perkins, Jerry Lee Lewis ou Roy Orbison. Ce magnifique coffret comprenant 3 disques, remonte en partie et chronologiquement les origines du rythme endiablé venant du jazz et boogie (Jay McShann/Charlie Parker, Dizzy Gillespie/John Coltrane…) aux artistes afro-américains qui ont influencé la vague déferlante de rockers des années fifties. Vous saurez en écoutant « Rock the joint » de Jimmy Preston (1948) que ce titre a été repris plus tard par Bill Haley et que ce même Bill Haley qui a chanté le triomphant « Rock around the clock » (2ème vente mondiale à ce jour soit 25 millions de disques) a été interprété par Hal Singer en 1950. On pourrait ajouter « The train kept a rolling » de Tiny Bradshaw (1951) qui a fait les beaux jours de Johnny Burnette et le fameux « Mystery train » d’Elvis Presley : une copie de « love my baby » de Junior Parker (1953). Soixante dix sept perles musicales ont été répertoriées et sélectionnées. Ce document sonore sera à conserver précieusement dans toute discothèque de fans de rock and roll.
Par Bruno MARIE – BLUES & CO
Par Bruno MARIE – BLUES & CO