« L’une des meilleures formations du pianiste » par Jazz Magazine

Autant l’avouer d’emblée, j’ai toujours eu du mal avec les compositions de Monk… Les spécialistes auront beau me vanter la beauté complexe des mélodies ou l’originalité des structures harmoniques, le principal sentiment qui me traverse en écoutant les premières notes de « Bemsha Swing, Off Minor ou Epistrophy » reste l’agacement. Ça tombe mal, ai-je d’abord songé, le pianiste les a toutes jouées ce soir d’avril 1961 à l’Olympia, entre autres grands classiques de sa plume et inévitables standards. Puis je me suis souvenu que l’art monkien pouvait s’apprécier ailleurs, et en particulier dans science de l’accompagnement qui n’est d’ailleurs peut-être pas étrangère à l’enthousiasme que manifeste le public dès le premier  chorus de Charlie Rouse. Car c’est bien cette science, où alternent brusquement les phrases typiquement bop et les accords percussifs, les passages en stride ou les notes isolées, les clusters puis les silences, qui permit à cette formation, sans doute l’une des meilleures que le pianiste ait jamais réunie, d’être aussi soudée. Bon, je l’admets, la nature des compositions y était peut-être aussi pour quelque chose…
Par Jonathan GLUSMAN – JAZZ MAGAZINE