« Un coffret – Les Quatre Barbus – L’Anthologie – permet de retrouver ce groupe de chanteurs qui naquit, suite à un camp d’été du Mouvement de jeunesse catholique en 1937. Pendant près de trois décennies, ils marièrent loufoquerie et poésie avec une belle maîtrise de l’art vocal harmonisé à quatre voix. Les Quatre Barbus ont, trente ans durant, écumé bien des scènes, en France et en Suisse bien sûr mais aussi au Maghreb, en Afrique noire, en Iran… sans jamais jouer les stars. Offrant un répertoire vaste et coloré – Pierre Dac y croise Woody Guthrie ou encore Francis Lemarque, Jean-Roger Caussimon – le quatuor a marié l’humour et la poésie et fait un détour par la chanson paillarde, comme en témoigne le troisième CD du coffret où figurent des classiques du genre comme Le Cocu de Paramé et Où s’en vont ces gais bergers. Pour ouvrir le coffret, figure un savoureux concert de 1960 au Théâtre Mouffetard avec, entre autres, La Pince à linge, œuvre commune de Francis Blanche, Pierre Dac et… Beethoven qui termine leur prestation sonore. Mais, on appréciera aussi leur version de Matilda, de Francis Lemarque ou celle du Cheval de corbillard, signée Raymond Souplex et Gaston Claret. A réécouter ces bandes, on mesure à quel point était harmonieux et subtil le mariage des voix de cette basse (Jacques Trisch-, ce baryton (Marcel Quinton), ce ténor (Pierre Jamet, qui arriva en 1942 dans le groupe) et ce contre-ténor (Georges Thibaut arrivé, lui, en 1949 dans l’aventure.) Symbole de l’essor artistique qui a suivi le Front populaire, les Compagnons de Route, le premier nom du groupe qui prit celui des Quatre Barbus à partir de 1949, ont marqué les ondes de leur griffe. Les évoquant, Darius Milhaud soulignait : « Un voyage à travers le folklore avec les Compagnons de Route nous permet d’apprécier les qualités musicales de ce jeune groupement plein d’entrain et de vie. » Même – et surtout- si le succès des Frères Jacques a un peu relégué au deuxième plan la place des Quatre Barbus sur la chanson française de l’après-guerre, ce coffret vient fort à point leur redonner leur juste place.
Par François CARDINALI – CHANTS…SONGS
Par François CARDINALI – CHANTS…SONGS