« Ceux qui sont les jeunes des années 10 ignorent combien le Twist libéra leurs parents et grands-parents en tant que danseurs improbables et approximatifs. Le style musical fut le premier pour lequel la nécessité d’un ou d’une partenaire devint superfétatoire. Chacun pouvait se laisser aller à des contorsions solitaires et intempestives improbables. La musique l’était tout autant. A coup de reprises de standards ou des créations douteuses, les groupes ou chanteurs français s’adonnèrent à des prestations plus ou moins convaincantes. Les Chaussettes Noires offrirent un « Twist du Père Noël » puis celui du « Canotier » avec Maurice Chevalier. Histoire de “perdre la boule à La Baule” comme chantaient Les Loups Garous.
Le seul travail poétique se réduisait essentiellement de trouver des rimes ou leurs à-peu-près au mot « twist »… Mais le genre permit encore d’offrir des délires aux amuseurs : Dario Moreno, Henri Salvador, Glenn Jack et les Glenners (Ah « Zizi la twisteuse » !), Pierre Doris et Suzanne Gabriello commirent des extrapolations hasardeuses et dépotantes. Certains morceaux restent des documents d’inepties kitsch (avec les Pirates par exemple) mais Gainsbourg — accompagné ou non de Brigitte Bardot — y fit ses gammes (« Requiem pour un twister »). François Jouffa a le mérite de ne pas s’arrêter en un chemin hexagonal, belge et helvétique. Le troisième CD permet de découvrir le Twist du Québec à bien plus forte connotation politique. S’y dessinent les premiers signes des mouvements séparatistes de la Belle Province. Les Lionels et Pierre, Michèle Richard, Lavis Bouliane et ses Blues Stars et autres Jaguars ou Habits Jaunes ne parvinrent pas à franchir l’Atlantique. Se découvre en conséquence une anthologie supersonique à sa manière. Preuve que la jeunesse d’hier fut soumise à des oeuvrettes qui trouveront ici un parfum de nostalgie pour certains et de surprises pour d’autres. La musique des 60’ n’avait rien d’intelligente (euphémisme). Elle fut même sans doute plus indigente (à l’exception de certains artistes de Québec) que ce qui est proposée aux ados du nouveau millénaire. Mais loin de toute prétention intellectuelle s’inscrivait de façon plus ou moins habile et efficiente le droit d’exister de manière libre et dégingandée. Un temps s’ouvrait. Serait-il en train de se refermer ? »
Par Jean-Paul GAVARD-PERRET
Le seul travail poétique se réduisait essentiellement de trouver des rimes ou leurs à-peu-près au mot « twist »… Mais le genre permit encore d’offrir des délires aux amuseurs : Dario Moreno, Henri Salvador, Glenn Jack et les Glenners (Ah « Zizi la twisteuse » !), Pierre Doris et Suzanne Gabriello commirent des extrapolations hasardeuses et dépotantes. Certains morceaux restent des documents d’inepties kitsch (avec les Pirates par exemple) mais Gainsbourg — accompagné ou non de Brigitte Bardot — y fit ses gammes (« Requiem pour un twister »). François Jouffa a le mérite de ne pas s’arrêter en un chemin hexagonal, belge et helvétique. Le troisième CD permet de découvrir le Twist du Québec à bien plus forte connotation politique. S’y dessinent les premiers signes des mouvements séparatistes de la Belle Province. Les Lionels et Pierre, Michèle Richard, Lavis Bouliane et ses Blues Stars et autres Jaguars ou Habits Jaunes ne parvinrent pas à franchir l’Atlantique. Se découvre en conséquence une anthologie supersonique à sa manière. Preuve que la jeunesse d’hier fut soumise à des oeuvrettes qui trouveront ici un parfum de nostalgie pour certains et de surprises pour d’autres. La musique des 60’ n’avait rien d’intelligente (euphémisme). Elle fut même sans doute plus indigente (à l’exception de certains artistes de Québec) que ce qui est proposée aux ados du nouveau millénaire. Mais loin de toute prétention intellectuelle s’inscrivait de façon plus ou moins habile et efficiente le droit d’exister de manière libre et dégingandée. Un temps s’ouvrait. Serait-il en train de se refermer ? »
Par Jean-Paul GAVARD-PERRET