Ecrite en 1912, « La Métamorphose » est l’histoire d’un voyageur de commerce, Gregor Samsa, qui se réveille un matin « métamorphosé en un monstrueux insecte ». Pour Nabokov, qui considérait Kafka comme le plus grand écrivain de langue allemande de son temps, « la famille Samsa autour de l’insecte fantastique n’est rien d’autre que la médiocrité entourant le génie ». Parent lointain de cet albatros « exilé sur le sol au milieu des huées », Gregor n’a, lui, aucune possibilité d’échapper à ceux qui participent à la bêtise du monde et à son ignominie. Merveilleusement lue par le comédien François Hatt, ancien du cours Simon, la nouvelle de Kafka trouve aujourd’hui une résonance particulière : le terrible sentiment de solitude d’un Bensoussan ou d’un Bruckner, tous deux traînés devant la justice pour avoir refusé de mal nommer les choses, n’est pas loin de celui d’un Gregor se réveillant cafard.
Par Jérôme SERRI - LIRE
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