Avec sa propre formation, les Wolverines, ou celles de son ami Frankie Trumbauer, au sein de grands orchestres comme ceux de Paul Whiteman ou de Jean Goldkette, il tire de son cornet des phrases d’une élégance simple, d’une aimable vivacité et d’une pureté de son inégalable, sans le moindre vibrato, qui influenceront tant Bunny Berigan, Rex Stewart, Red Nichols, Wingy Manone, Bobby Hackett que, dit-on, Miles Davis lui-même. Bennie Green remarque : « Bix est doué du don le plus rare en jazz : le sens de la forme, qui confère à une improvisation une cohérence qu’aucun enseignement ne peut produire. » Remarquable aussi sa composition « In A Mist », pièce en piano solo qui, en 1927 (!), intègre des harmonies alors révolutionnaires. Cette pièce, sorte de court prélude debussyste (alors que Claude de France n’est pas mort depuis dix ans), suffit à garantir sa place au Panthéon de la musique. Si son parcours fut celui d’une comète, son héritage foisonnant est riche de merveilles. L’essentiel est rassemblé dans cette « Quintessence » magnifiquement restaurée, qui permet de comprendre l’engouement qu’il provoquait. Chauncey Morehouse, le batteur de Bix, se souvient : « Vous ne pouviez aller où que ce soit à New York sans entendre un type essayer de jouer comme Bix. Ils copiaient sa sonorité, son attaque, ses phrasés. Certains tentaient de copier son style d’après les disques, d’autres venaient et écoutaient. C’était incroyable. »
Par Jean-Pierre JACKSON - CLASSICA
Par Jean-Pierre JACKSON - CLASSICA