« C’est d’abord un film de Tony Gatlif. C’est aussi, grâce au label Frémeaux et associés, un disque qui rend hommage au rebetiko. Comment une telle musique, marquée par l’histoire et ses violences, éprise d’un profond sentiment de liberté, portée par la mélancolie des plus déshérités n’aurait-elle pas pu toucher l’âme de Tony Gatlif ? C’est lors d’un voyage effectué en Turquie, en 1983, que le cinéaste des Roms et des communautés aux semelles de vent découvre le rebetiko, cette musique des bas-fonds d’Athènes et de Thessalonique, apportés avec leur baluchon par les Grecs d’Asie mineure chassés par Atatürk lors de ce que la mémoire collective hellénique a retenu sous le nom de la Grande Catastrophe de 1922/1923. Cette musique, marquée par l’influence orientale, le métissage des cultures, où cohabitent l’oud et le bouzouki, est au coeur de son film Djam. « C’est une musique de malaimés, mais de gens fiers d’être ce qu’ils sont », commente Tony Gatlif. Il en restitue, dans cette bande originale forte d’une douzaine de titres, toute l’âpre gaieté, le caractère entêtant et dansant. La dignité recouvrée de ces mal-aimés et mal traités par l’histoire. »
Par Serge HARTMANN – DERNIERES NOUVELLES D’ALSACE
Par Serge HARTMANN – DERNIERES NOUVELLES D’ALSACE