« (…) Le miracle avec ces musiques des décennies passées, c’est qu’elles n’ont pas vieilli ! Ce sont désormais des classiques, et la forte présence sur youtube de tous ces merveilleux artistes latino-américains d’autrefois exprime mieux que tout leur formidable popularité, toujours à ce jour.
Luis Gonzaga ou Jackson do Pandeiro du Brésil ; Atahualpa Yupanqui d’Argentine ; Juan Vicente Torrealba et son groupe Los Torrealberos, du Venezuela ; Violeta Parra du Chili ; Los Morocuchos du Pérou ; et tant d’autres artistes ou groupes, célèbres en leur temps, et qui le sont désormais pour l’éternité : à l’écoute de leurs musiques fabuleuses, l’on éprouve un sentiment étrange, à la fois d’admiration pour ces artistes exceptionnels, et de tristesse pour la terrible dégradation des musiques « populaires » dans ce continent… comme dans le monde entier… Car ces musiques, créées et exécutées par des artistes souvent illettrés, voire issus des zones rurales, et qui parlaient au plus grand nombre précisément parce qu’elles venaient d’artistes nés « dans le peuple » le plus souvent, étaient des musiques à la fois « populaires » et « de qualité », ce qui semble un oxymore aujourd’hui, lorsque l’on écoute, sur les radios de Caracas, de Mexico, de Buenos Aires ou de Recife, ce que sont les nouvelles stars de la chanson… Car « Despacito », le tube latino – et mondial – de 2017, c’est vrai cela fait danser, mais musicalement, cela reste très pauvre, par rapport à ces pépites recueillies là par Frémeaux, et qui passaient sur les radios nationales de ces pays, « tubes » de l’époque…
Surtout, tout autant que l’appauvrissement musical au cours des dernières décennies, nous frappe l’appauvrissement des paroles : car ces chansons créées par des artistes issus des classes populaires, parlaient du quotidien vécu par les populations, leurs peines et leurs joies, comme les chansons engagées d’Atahualpa Yupanqui, ou encore la célèbre « Asa Branca » (Oiseau blanc) de Luis Gonzaga, qui, mieux que mille articles ou reportages, dénonçait la terrible sécheresse qui frappe le Nordeste du Brésil, contraignant leurs habitants à l’exil vers les grandes villes du Sud, Rio et Sao Paulo, habitants qui allaient s’entasser dans les favelas et nourrir la misère urbaine…(…) Un triple album exceptionnel, que tout amoureux des musiques d’Amérique Latine se doit d’inclure dans sa discothèque ! »
Par Nadia KHOURI-DAGHER - LE MONDE
Luis Gonzaga ou Jackson do Pandeiro du Brésil ; Atahualpa Yupanqui d’Argentine ; Juan Vicente Torrealba et son groupe Los Torrealberos, du Venezuela ; Violeta Parra du Chili ; Los Morocuchos du Pérou ; et tant d’autres artistes ou groupes, célèbres en leur temps, et qui le sont désormais pour l’éternité : à l’écoute de leurs musiques fabuleuses, l’on éprouve un sentiment étrange, à la fois d’admiration pour ces artistes exceptionnels, et de tristesse pour la terrible dégradation des musiques « populaires » dans ce continent… comme dans le monde entier… Car ces musiques, créées et exécutées par des artistes souvent illettrés, voire issus des zones rurales, et qui parlaient au plus grand nombre précisément parce qu’elles venaient d’artistes nés « dans le peuple » le plus souvent, étaient des musiques à la fois « populaires » et « de qualité », ce qui semble un oxymore aujourd’hui, lorsque l’on écoute, sur les radios de Caracas, de Mexico, de Buenos Aires ou de Recife, ce que sont les nouvelles stars de la chanson… Car « Despacito », le tube latino – et mondial – de 2017, c’est vrai cela fait danser, mais musicalement, cela reste très pauvre, par rapport à ces pépites recueillies là par Frémeaux, et qui passaient sur les radios nationales de ces pays, « tubes » de l’époque…
Surtout, tout autant que l’appauvrissement musical au cours des dernières décennies, nous frappe l’appauvrissement des paroles : car ces chansons créées par des artistes issus des classes populaires, parlaient du quotidien vécu par les populations, leurs peines et leurs joies, comme les chansons engagées d’Atahualpa Yupanqui, ou encore la célèbre « Asa Branca » (Oiseau blanc) de Luis Gonzaga, qui, mieux que mille articles ou reportages, dénonçait la terrible sécheresse qui frappe le Nordeste du Brésil, contraignant leurs habitants à l’exil vers les grandes villes du Sud, Rio et Sao Paulo, habitants qui allaient s’entasser dans les favelas et nourrir la misère urbaine…(…) Un triple album exceptionnel, que tout amoureux des musiques d’Amérique Latine se doit d’inclure dans sa discothèque ! »
Par Nadia KHOURI-DAGHER - LE MONDE