« (…) Fils d'un tanneur de Dole, élevé à Arbois, dans le Jura, Louis Pasteur (1822-1895) fut un élève médiocre avant d'impressionner Napoléon III et les hautes instances scientifiques. A force de volonté et de travail acharné, mais aussi grâce à sa femme, Marie, frappée de "servitude volontaire". Convaincu très tôt qu'il fallait trouver des applications concrètes aux progrès de la connaissance, Pasteur fut le premier théoricien à sortir de son laboratoire pour s'installer à l'usine ou dans les champs (appelé à la rescousse par les betteraviers, les vignerons ou les éleveurs de poules). Ce sont tous ces à-côtés qui font le sel de ce récit enlevé et vivant, en rien hagiographique. Orsenna s'amuse en effet à évoquer la face sombre du découvreur du vaccin contre la rage : un rugueux, donneur de leçons, conservateur, défenseur du pouvoir, censeur à ses heures, jaloux de sa prééminence, incapable de rire et de transiger - comme en témoigne son discours frondeur sur Emile Littré lors de sa réception à l'Académie, le 27 avril 1882. Les "mordus" du monde entier lui pardonneront sans problème. »
Par Marianne PAYOT – L’EXPRESS