Un abécédaire en forme de bilan. Sensible, humble, celui d’un homme apaisé, d’un militant resté attaché à nos libertés et qui n’a pas peur d’en appeler encore à la résistance, à l’espoir. Et comme espoir, raisonnablement pessimiste : «j’ai tendance à croire que tout finira mal»… Comment pourrait-il en être autrement, dans ce monde converti de force au néolibéralisme et qui détruit tout, de la nature aux liens sociaux, de la vie humaine à la vie tout court. Et pourtant, l’espoir, la volonté de vivre, l’assurance qu’au plus fort de la confrontation qui nous est assignée, l’invraisemblable sortira, l’improbable surgira. La mondialisation, affirme Edgar Morin, nous conduit à la Catastrophe. (...) A l’image d’Héraclite, il nous faut toujours chercher l’inespéré, et combattre l’ignorance en sachant que la Vérité est du côté des humbles, toujours, non du côté des élites, qui ont littéralement vendu leurs âmes. Il faut, nous dit Edgard Morin, poétiser nos vies au sens où un Rimbaud l’entendait : se défendre contre l’invasion de leur prose mensongère, rancunière, vindicative, haineuse, se garder des raisons nécessaires et considérer, toujours, l’Esprit comme une émergence et non un donné, l’intelligence comme une faculté et non une fin. Et croire, toujours, que nous pouvons agir.
Par Joël JEGOUZO - OVER BLOG
Par Joël JEGOUZO - OVER BLOG